Jack Bizlall : « Si Gayan connaissait l’Islam, il n’aurait pas dit cette connerie »

Jack Bizlall ne cache pas son « mépris » pour Anil Gayan et il le dit ouvertement. Les propos de ce dernier concernant le « honour killing », estime le syndicaliste, résultent de son inculture et de sa méconnaissance de l’Islam, mais aussi de la Constitution du Pakistan. Par ailleurs, Jack Bizlall ne semble pas avoir grand espoir du budget qui ne se focalisera point, selon lui, sur les vrais enjeux du pays.  

 

Q : Vous êtes très dur envers Anil Gayan dans un de vos posts sur Facebook. Pourquoi tant de « mépris », pour reprendre votre propre terme ?

Je le méprise pour son comportement. Il est très facile aujourd’hui de se renseigner sur n’importe quelle question. Je ne lui demande pas de « dépenser » son temps à étudier les sciences, la philosophie, les religions, etc.

Mais même s’il veut parler sans savoir de quoi il parle, il doit se comporter comme un homme qui ne soit pas un inculte. Mais au lieu d’exprimer ses regrets pour avoir débité des conneries, il a recherché la répression policière et judiciaire contre ceux qui se sentent blessés dans leurs croyances religieuses.

Il nous prend pour QUOI et il se prend pour QUI ? Il nous traite comme une chose. Nous ne sommes pas ses esclaves et le Code Noir ne s’applique plus dans notre pays.

En sus de cela, je le connais. J’ai eu à parler aux Mauriciens établis en Australie, aux malades souffrant de cancer… Je préfère m’arrêter là.  Passons à autre chose. Ne laissons pas Gayan parasiter notre esprit.

 

Q : Vous avez aussi évoqué l’inculture et la méconnaissance du ministre, notamment concernant l’Islam et le Pakistan…  

Ecoutez, j’ai chez moi un tas de livres sur le Christianisme, l’Islam, l’Hindouisme…. Je dois admettre qu’il n’y ait pas d’intérêt pour un Mauricien d’aller se documenter pendant 30-40 ans sur les six grandes religions du monde. Mais si Gayan avait fait un effort d’aller sur le net, il aurait pris connaissance de l’histoire de l’Islam et des lois islamiques. Il aurait tout appris. Il n’aurait pas dit cette connerie. Au contraire, il aurait soutenu sa position contre les crimes d’honneur (qui est très positif chez lui) en s’appuyant sur les lois islamiques.

D’autre part, il aurait pu contacter un collègue de son parti politique pour tout comprendre. On ne peut dire de telles conneries. Cela s’applique AUSSI pour les dirigeants musulmans envers le Christianisme et surtout l’Hindouisme.

Par ailleurs, les choses changent au Pakistan concernant les poursuites des criminels pour les crimes d’honneur.  La dernière constitution du Pakistan ne fait PAS de lui un pays théocratique. Lisez sa constitution et vous verrez que ce pays a une constitution républicaine avec les divisions de pouvoirs qui ne laissent point de place aux religieux comme en Iran. Si le Pakistan devait tolérer le crime d’honneur, il ne serait plus en accord avec le Coran et la loi islamique.

Ce que les gens ignorent, ce pays est aussi connu comme La République Islamique du Pakistan. Il a donc l’OBLIGATION de respecter les grands principes du Coran, dont la protection de la femme. N’importe qui au Pakistan peut poursuivre l’Etat pakistanais s’il permet des actes anti-islamiques ou préislamiques. Je me demande ce que Gayan ira raconter au Pakistan et comment il va se défaire du soutien des hindous intégristes à Maurice comme en Inde.

 

Q : Comment interprétez-vous le silence d’Ivan Collendavelloo dans toute cette affaire ?

Je vais vous dire une chose. Je le connais de longue date. Nous ne sommes pas des ennemis. J’ai l’habitude de dire que je suis un chien. C’est pour vous dire que j’ai un grand respect pour les chiens. Le chien est un loup transformé par l’Homme pour se comporter avec compassion et intégrité. Mais faites attention. Quand un chien retourne parmi les loups, il redevient loup, voire même un loup-garou. Tel est le cas d’Ivan Collendavelloo.

 

Q : Le Premier ministre n’aurait-il pas dû le révoquer tout de suite, vu que Gayan n’a pas nié avoir tenu ces propos ?

Le Premier ministre est politiquement un usurpateur. Il n’a pas été élu pour être Premier ministre et si sa famille n’était pas propriétaire du MSM, une autre personne aurait remplacé son père comme Premier ministre.

Je l’observe dans ses actes. Son père n’aimait pas Gayan… Cherchez dans les archives et vous verrez pourquoi.

Gayan a été membre du MMM. La démocratie républicaine exige une décision du ML. Les gens veulent le départ de Gayan. On le met dehors, il ira au PTr, au MMM ou au PMSD… La famille Boolell est une famille trans-partisane…

 

Q : Finalement, même s’il est révoqué ou contraint à la démission, ça change quoi puisqu’il continuera à siéger à l’Assemblée nationale, comme Dayal, Soodhun ou Tarolah, entre autres ?

Vous me posez une question dont vous connaissez la réponse.

Vous savez, je peux mépriser certains politiciens, mais je me demande qui sont les vrais responsables. Je pense que les électeurs ont leurs responsabilités. Je réfléchis sérieusement ces temps-ci sur des questions qui me touchent personnellement : Dois-je être candidat aux prochaines élections ? Quels sont les enjeux ? A qui faire confiance ? Dans moins d’un mois, je me donnerai les réponses.

 

Q : Et entretemps, que doit-on attendre du prochain budget ?

Notre pays a besoin de quatre choses importantes : 1) Une nouvelle constitution pour élargir notre démocratie et réduire le pouvoir de la classe dominante ; 2) Une éducation d’assertion remplaçant l’éducation d’insertion ; 3) le démantèlement du ségrégationnisme qui s’installe dans le pays. Il faut une action cohérente sur le plan social, écologique et économique… Il faut élargir notre fond commun de civilisation ; et 4) avoir une lecture de ce qui se passe dans le monde.

Rien n’est prévu dans le budget sur ces quatre plans. Au contraire, le gouvernement actuel aggrave la situation sur ces quatre plans. La preuve : le comportement de Gayan.

 

Q : Mais pensez-vous que cet exercice générera, en partie, le « feel good factor » nécessaire pouvant permettre à Pravind Jugnauth de reprendre le pouvoir aux prochaines élections ?

Vous le dites bien : « de reprendre le pouvoir ». Comme un coup d’état constitutionnel.

Il applique le corporatisme pour éclater toute action politique cohérente et unitaire contre lui. A bien écouter Ramgoolam et Bérenger, le pays va tout droit vers des élections à trois avec un appendice infecté représenté par le PMSD.

Personne n’aura de majorité absolue lors de la prochaine élection. Soit nous nous retrouverons avec des alliances politiques post électorales ou nous aurons à émuler Israël et retourner aux urnes.