[Reportage]Les mariages de nouveau autorisés : Un soulagement sur fond d’inquiétude

Ceux qui voulaient se marier ainsi que les prestataires offrant divers services pour le mariage ont été profondément touchés par la pandémie de la covid-19, et cela depuis plus d’un an déjà. De nombreux Mauriciens étaient dans le flou pendant un certain temps et ne savent pas quoi faire à propos de leurs mariages. À leur grand soulagement, les couples vont enfin sceller leur union, suite à l’annonce faite le 24 juin à l’effet que les rassemblements publics et privés, les funérailles et les mariages avec un maximum de 50 personnes seront autorisés. Mais il y a toujours une incertitude par rapport aux prochains jours.

« C’était très frustrant d’annuler le mariage »

Sheena et Akshay avaient prévu de se marier en juillet 2020, et voulaient convier plus de 300 invités à leur mariage. Le couple n’a pu sceller son union à cause de la pandémie.

Sheena nous explique qu’elle avait déjà entamé tous les préparatifs.  Elle avait déjà effectué les réservations, que ce soit pour le fleuriste, la salle de mariage, le photographe et le ‘catering’. « On se préparait depuis un peu plus d’un an. Quand il fallait annuler le mariage, nous étions tristes et déçus. La covid-19 a chamboulé pas mal de choses. C’est quand même très frustrant », nous confie la jeune femme. D’autant plus que plusieurs invités allaient venir de l’étranger pour assister au mariage. 

« Néanmoins, je suis très contente que nous allons finalement pouvoir nous marier. Même s’il ne faut qu’inviter une cinquantaine de personnes, je vais pouvoir connaitre le grand jour. Nous n’avons pas prévu de nouvelle date pour le moment. »

Sheena nous dit qu’elle n’avait jamais pensé qu’elle allait faire face à une telle situation un jour. Elle avait tellement voulu que son mariage soit célébré avec faste, mais en vain.

« Je ne sais pas quoi faire »

Pour Samia, qui devait se marier cette année, c’est vraiment dur en ce moment car elle ne sait pas si son rêve de se marier aboutira. « C’est un calvaire pour moi », lance-t-elle.

Auparavant, ce n’était pas facile pour elle d’annuler tous les préparatifs et de célébrer le mariage avec uniquement dix proches.

Elle a déjà effectué la réservation et payé une avance pour la salle de mariage. « J’ai déjà fait réserver la salle. S’il faut célébrer le mariage avec seulement 50 personnes, je ne serai pas remboursée l’avaloir que j’ai déjà payée », souligne-t-elle.

Après l’annonce du Premier ministre autorisant les rassemblements d’un maximum de 50 personnes à partir du 1er juillet prochain, elle se dit soulagée. « Même s’il faut se marier avec une cinquantaine de personnes, nous allons célébrer le mariage », explique-t-elle.

Le calvaire d’un photographe de mariage

Outre les couples qui voulaient convoler en justes noces, la pandémie de covid-19 a eu aussi un impact non négligeable sur ces métiers qui dépendent des mariages. Ceux dans l’évènementiel, les photographes, les traiteurs, les fleuristes, les sonorisateurs ont dû prendre leur mal en patience.  

Un photographe, Minesh Ramchurn, nous explique le calvaire qu’il a subi. Avant la covid-19, il recevait beaucoup de commandes pour les mariages. À sa grande déception, les mariages ont été annulés à cause de la pandémie.

Pour lui, qui se spécialise dans la photographie de mariage, il n’aurait jamais pensé qu’il vivrait une telle situation un jour. « Je n’aurais jamais pensé arriver à faire face à une telle situation, où je dois me battre pour pouvoir joindre les deux bouts. La photographie de mariage est mon gagne-pain. Je n’ai pu travailler pendant des mois », nous explique-t-il. « Dans un premier temps, j’ai dû revoir mes prix, et accepter de travailler avec de petits bénéfices, juste pour m’assurer que j’ai un repas chaque jour. J’ai aussi dû rogner sur les dépenses », ajoute Minesh.

Il est content de la décision du gouvernement, même si les gens devront célébrer leurs mariages avec un maximum d’une cinquantaine de personnes. Pour Minesh, il aura du travail et pourra mieux gérer ses dépenses. « Pour moi, la décision du gouvernement est une bonne initiative et nous allons pouvoir recommencer à travailler », dit-il.

« Il est clair que la covid-19 sera là pendant un certain temps. Il faut juste apprendre à vivre avec », pense-t-il. « Je suis aussi convaincu que si les gens observaient toutes les mesures pour lutter contre la covid-19, tout pourrait redevenir comme avant. »

« Nous avons subi une grande perte »

Le propriétaire de NTS Ocean and Wedding Events, Nikhil Ramtahal nous lance que ce n’est pas facile pour lui de gérer une telle situation. Nikhil nous explique qu’il a subi une grande perte car les contrats pour une trentaine de mariages sont tombés à l’eau.

Il était désespéré car de nombreux de clients avaient annulé leurs mariages, tandis que d’autres devaient changer la façon dont ils voulaient célébrer leurs mariages. « C’était frustrant de passer par une phase pareille mais l’annonce autorisant les rassemblements constitue  une très bonne nouvelle », résume Nihkil.

Il nous souligne que ce business est son gagne-pain et il dépend uniquement de ce travail pour nourrir sa famille. « Cela fait un an déjà que les gens n’ont pas pu faire leurs mariages. En dépit de ce problème, nous n’avons eu aucune assistance de la part du gouvernement », avance Nikhil.

Avec l’annonce du Premier ministre, les prestataires comme lui sont soulagés car ils pourront reprendre le travail.

« Je reste positive mais j’ai toujours une certaine crainte »

Zehreen Sumtally, ‘Make-Up Artist’ nous dévoile que cela a été dur pour elle, car de nombreux couples avaient renvoyé leurs mariages. « À plusieurs reprises les clients devaient ‘kasser ranger’ parce qu’ils ne savaient pas s’ils pouvaient aller de l’avant avec leur mariage », nous dit-elle.

Financièrement, elle ne savait pas quoi faire. Elle se sent soulagée maintenant et pourra enfin reprendre son travail.

Elle est en train de revoir sa stratégie avec ses clients car selon elle, la situation reste un peu difficile, car on ne sait pas ce qui va se passer durant les prochains jours.

Pour elle, la décision du Premier ministre est un soulagement pour tout un chacun. Toutefois, Zehreen pense que ce dernier aurait pu laisser plus de cinquante personnes assister à une cérémonie de mariage, tout en respectant le protocole sanitaire, telle que la distanciation sociale. « Si une salle peut accommoder plus de 1000 invités, le gouvernement aurait pu permettre un minimum de 100 personnes assister au mariage avec tous les protocoles sanitaires », souligne-t-elle.

Elle se dit être optimiste car elle a confiance que nous finirons par sortir de cette situation. Maintenant, l’important est de s’adapter. Elle reste positive mais a toujours une certaine crainte liée à l’incertitude des prochains jours.

« Si les gens prennent toutes les précautions, on pourrait organiser des mariages avec de plus de 50 personnes »

Avish Leung Pak Wing, qui est aussi dan le domaine de la photographie, nous explique que c’est certainement  une bonne décision de la part du gouvernement car cela va permettre aux photographes de mariage de reprendre le travail.

« C’est une excellente initiative de la part du Premier ministre, car cela fait des mois que nous sommes au chômage forcé. Cette décision nous permettra de travailler à nouveau », nous dit-il. « Ce sera aussi une opportunité pour d’autres personnes également, telles que les DJ, les vidéastes et les organisateurs de mariage, entre autres, y compris pour les clients, qui n’auront plus besoin d’annuler ou de reporter leurs mariages, même s’il faut n’inviter qu’une cinquantaine de personne. »

Il nous explique que de nombreux couples ont subi de grandes pertes d’argent car ils avaient déjà décidé d’inviter leurs proches, sans parler des préparatifs, qui se faisaient depuis plus d’un an déjà.

« Maintenant, tout dépend des clients, s’ils veulent se marier ou pas, mais à mon avis si les gens prennent toutes les précautions et suivent scrupuleusement les protocoles sanitaires, on pourrait organiser des mariages avec de plus de 50 personnes dans les jours à venir. Mais pour le moment, nous devons nous conformer à la décision du Premier ministre », conclut Avish.