Université de Maurice : Les examens de la peur

Après l’annonce du Premier ministre le 1er juillet concernant la troisième phase de déconfinement, l’Université de Maurice devait annoncer que les examens auront bien lieu sur le campus. Le ‘Student Union’ dénonce une décision qui met en péril la santé des étudiants, alors que selon le syndicat, les examens auraient pu se faire en ligne, comme cela a été le cas l’année dernière. Quant aux étudiants, ils nous font part de leur peur de prendre part à ces examens sur le campus de l’Université. Ils attendent maintenant une décision du ministère de l’Education, vers lequel ils se sont tournés.

Le dernier communiqué émis par la direction de l’Université a fait comprendre aux étudiants et à leurs représentants que leurs suggestions n’ont pas été prises en considération et que la direction seront tenus les examens en mode présentiel. Ce qui veut dire que tous les élèves devront se déplacer vers le campus. Le ‘Student Union’ déplore vivement cette façon d’agir de la direction.

Ces examens débuteront le lundi 26 juillet pour prendre fin le samedi 28 août. Il est à noter qu’’ils  risquent d’être perturbés, dépendant du nombre d’étudiants présents, ou si jamais il y a un cas positif chez les étudiants.

La situation actuelle en ce qui concerne la covid-19 provoque une peur bleue chez les étudiants. Ainsi, le mercredi 14 juillet, le pays a enregistré 100 cas en 24 heures, et Bois-Chéri a été décrété zone rouge.

Daveen Persand, le président du ‘Student Union’, nous indique que la direction de l’Université a pris cette décision dès l’annonce de la troisième phase de déconfinement.

Dans un premier temps, quand la troisième phase de déconfinement avait été annoncée, les étudiants étaient d’accord avec cette décision, vu qu’il n’y avait pas trop de cas de covid-19, bon nombre d’élèves s’étaient déjà fait vacciner, et il n’y avait pas de zones rouges. Mais la situation s’est considérablement aggravée en moins de deux semaines. « Cette décision de tenir les examens sur le campus devrait être revue », affirme-t-il.

Le président nous explique qu’il a eu plusieurs réunions avec le Vice-Chancelier de l’Université et avec les doyens (‘Deans’) des facultés, pour soumettre ses propositions. Dans un premier temps, le ‘Student Union’ avait demandé à ce que les examens sur le campus ne soient organisés que pour les étudiants en phase finale, requête qui n’a pas été agréée par la direction. Le ‘Student Union’ avait aussi proposé un système de ‘continuous assessments’. Mais durant la dernière réunion, on devait informer le président du ‘Student Union’ que les examens se tiendront sur le campus comme prévu et qu’il n’y avait plus rien à suggérer. On lui avait fait comprendre que les examens en ligne comportaient de nombreux problèmes sur le plan logistique et par rapport à la surveillance.  

« J’avais alors attiré leur attention sur le fait que les cas de covid-19 ne cessent d’augmenter, et on m’a  répondu que la direction de l’Université s’est basée sur la décision des autorités. On m’a aussi dit que l’OUM n’a pas assez de moyens pour tenir les examens en ligne. Mais comment est-ce possible ? Tous les élèves de l’UoM ont un portable et l’accès à l’internet. L’année dernière, l’université a pu tenir les examens en ligne, et aujourd’hui elle annonce qu’elle ne pourra pas le faire ! On m’a aussi dit que  le ‘timetable’ a été finalisé et qu’on ne peut rien y faire. Comment ne peut-elle rien faire ? », fustige le président du Student Union. La direction devrait se montrer plus pragmatique et non pas refuser obstinément de revoir sa  décision, avance-t-il. « Comment la direction peut faire fi à ce point de la santé des élèves en agissant ainsi ? », s’interroge-t-il. Il ajoute aussi qu’il ne peut pas expliquer l’intransigeance de la direction.

 « Les étudiants de l’Université viennent de quatre coins de l’île. Si l’UoM devient un cluster, comment réagira-t-on à cela ?  Ce qui est aussi intriguant, c’est que l’Université a décidé de laisser les élèves en zone rouge prendre part aux examens sur le campus, bien que ces derniers doivent chercher leurs propres moyens de transport », ajoute-t-il.

Par ailleurs, Nilesh Kissoon, ‘Faculty Representative’, nous fait part que depuis presque deux mois, des discussions ont eu lieu sur les examens en ligne. « En ce qui concerne la décision de tenir des examens en présentiel, je ne suis pas entièrement d’accord.  Au début, il n’y avait pas de zones rouges et le risque de venir sur le campus avec la covid-19 était quasi-nul, mais à ce jour, la situation a totalement changé, avec plus de 160 cas en seulement une semaine. Des nombreux étudiants sont en zone rouge. Le risque de propagation de la maladie à l’Université est plus élevé et il pourra y avoir l’annulation des examens si on a un cas positif. Je pense qu’au moins pour la première année, les examens auraient pu être tenus en ligne, comme on l’avait fait l’année dernière », suggère-t-il.