[Visage féminin] Sarita Naina Poinen, couturière

« La femme doit affirmer sa place dans la société » 

Sarita Naina Poinen, une couturière dans l’est du pays, projette l’image de la Mauricienne classique qui s’est beaucoup battue pour pouvoir joindre les deux bouts et élever ses enfants. Elle a aussi de solides convictions féministes, à l’effet que la femme doit affirmer sa place dans la société et doit mettre en valeur ses atouts.

Les femmes ont beaucoup évolué dans la société mauricienne, et aujourd’hui, beaucoup affichent leur indépendance, notamment en travaillant à leur propre compte et en gérant leurs propres entreprises. Sarita Naina Ponien est une quinquagénaire habitant Lallmatie, et elle est la mère de deux enfants. Elle travaille à domicile, et coud des vêtements sur mesure et sur commande.

Sarita Poinen affiche une grande fierté d’être couturière. « La couture est ma grande passion », nous dit-elle. Ce qui la rend heureuse : elle esquisse des modèles de vêtements, et leur donne vie par la magie du fil et de l’aiguille. En effet, que ce soit des vêtements simples ou la haute couture, elle met une certaine magie dans ses œuvres. Au fil des années, Sarita s’est constituée une fidèle clientèle. « Maintenant, je compte me consacrer davantage à la couture des vêtements classiques », nous explique-t-elle.

Elle revient sur son parcours, en tant que femme et en tant que couturière. Tout a commencé quand elle avait 14 ans, quand ses parents l’avaient envoyée suivre des cours de couture. Sarita avait ainsi appris à coudre des vêtements et à faire de la broderie. « On peut dire que des cet instant, j’ai eu un grand engouement pour la couture », nous dit-elle.

Elle nous explique que son parcours n’a pas été facile. La couture n’était pas suffisante pour pouvoir joindre les deux bouts, et elle avait dû trouver un autre travail pour pouvoir élever ses enfants. « Je devrais contribuer au budget familial. Alors, j’ai cherché et trouvé un emploi dans une usine de textile », dit-t-elle. Elle avait ainsi travaillé comme machiniste dans une usine pendant plusieurs années. « Cette expérience m’a beaucoup aidée. J’ai appris tant de choses dans le domaine de la couture que je peux les faire les yeux fermés », dit-elle. Elle a aussi travaillé comme couturière dans un hôtel dans la région, non loin de son domicile, pour une durée de 16 ans.

Pendant de longues années, elle a ainsi dû se dévouer corps et âme pour sa famille, son travail, et ses propres clients. « J’ai dû travailler jour et nuit pour en arriver là où je suis aujourd’hui. Cela n’a pas été facile pour moi, mais je devais le faire pour l’avenir de mes enfants », nous dit-elle. Mais d’un autre côté, Sarita réitère qu’elle a reçu beaucoup d’expérience de par ses emplois.

Au fil des années, sa clientèle a beaucoup grandi, et elle a pu se mettre à son propre compte. Mais là aussi, ce n’était pas tout le temps une partie de plaisir. Sarita a aussi fait face à beaucoup de défis durant toutes ces années comme couturière. « Ce métier exige beaucoup de doigté et de patience. Il y a toutes sortes de clients. Ces derniers sont souvent des fois exigeants, surtout en ce qui concerne les nouvelles tendances », dit-elle.

Les jeunes filles sont-elles intéressées à faire de la couture aujourd’hui ? « Malheureusement, non. Rares sont les jeunes femmes qui veulent se lancer dans ce domaine », nous répond-t-elle, avec une pointe de nostalgie dans la voix. Encouragerait-elle les filles à s’y lancer ? « Je les invite volontiers à suivre le même parcours que moi, mais il leur faudrait beaucoup de persévérance et de patience », dit-elle. Mais elle tient à mettre en garde que « dans la vie, il ne faut pas prendre des décisions lorsque nous ne sommes pas sûrs. Il faut bien réfléchir avant de faire quoi que ce soit. »

Que pense-t-elle du rôle des femmes dans la société et de son émancipation ? « La femme doit affirmer sa place dans la société et doit mettre en valeur ses atouts. Il ne faut pas qu’elle se laisse influencer par des facteurs qui peuvent nuire à sa vie. Elle doit se faire reconnaitre par ses accomplissements », affirme-t-elle.

Mais quelque peu conservatrice sur les bords, Sarita nous explique qu’elle a toujours suivi les conseils de ses parents à la lettre, « que ce soit en tant que fille, en tant que femme ou même en tant que mère ». Aujourd’hui encore, elle maintient qu’elle met en pratique les conseils de ses parents…