‘Splash N Fun Leisure Park’

Plusieurs irrégularités mises à jour par l’auditeur interne

Le favoritisme et la corruption prendront-ils fin un jour sous ce régime ? Non, est-on tenté de répondre après que le leader de l’Opposition, Xavier-Luc Duval, ait soulevé le scandale entourant la rénovation du ‘Splash N Fun Leisure Park’, au coût de Rs 381 millions, pour la rentrée parlementaire. Retour sur cette affaire.

Le rapport de l’auditeur interne du Sugar Investment Trust Leisure Ltd (SITL), la compagnie qui gère ‘Splash N Fun’, et dont nous reproduisons les grandes lignes ci-dessous, fait état pour sa part de plusieurs irrégularités. Ce rapport a été soumis le 23 mars devant le conseil d’administration de la SITL, qui est en train de l’examiner avant de décider de la marche à suivre. L’ICAC mène pour sa part une enquête sous la Section 81 de la Prevention of Corruption Act’ (PoCA), et il se pourrait qu’il y ait d’autres rebondissements dans cette affaire dans les jours à venir.

Pour rappel, la rénovation du ‘Splash N Fun Leisure Park’ à Belle-Mare a débuté en 2018 et a pris fin en 2019. Mais une attraction, le ‘Boomerango’ a été complété à 68 % seulement, et où Rs 76 millions ont déjà été investis. Le projet est ‘on hold’ vu le manque de fonds, alors qu’il dû être complété trois mois avant le premier confinement.

Le ministre Maneesh Gobin, en répondant à la PNQ de Xavier Luc Duval ce 29 mars au Parlement, a affirmé qu’il est impossible de dire à ce stade quand est-ce que le projet sera achevé. Selon le ministre, vu qu’il y a actuellement une enquête de l’ICAC, la mise sur pied d’une commission d’enquête ne se pose pas. Le ministre a aussi expliqué qu’il n’est pas au courant si un des membres du conseil d’administration de la SITL est dans le giron de l’ICAC.

Arvin Boolell (PTr) a pour sa part parlé de « relations incestueuses » entre le Sugar Investment Trust (SIT), dont dépend la Sugar Investment Trust Leisure Ltd (SITL) et le ministère de l’Agro-industrie. 

L’auditeur interne fait état de dépenses de plus de Rs 381 millions

Le conseil d’administration de SITL avait décidé le 2 juin 2021 que l’auditeur interne allait compiler un rapport sur la façon dont Rs 350 millions ont été dépensées sur la rénovation du parc, y compris la construction du ‘Boomerango’. Ce dernier a soumis son rapport au conseil d’administration de SITL ce 23 mars 2022. Des dépenses de plus de Rs 381 millions y sont mentionnées.

Ci-dessous, les points saillants de ce rapport :

  • Plusieurs fournisseurs et entrepreneurs ont été payés pour des travaux additionnels, ce qui implique une mauvaise planification.
  • Dans plusieurs cas, aucun devis (‘quotation’) n’a été envoyé par les entrepreneurs, qui se sont contentés d’envoyer la facture après l’achèvement des travaux.
  • Des paiements substantiels ont été effectués au-delà du prix mentionné dans les devis (‘quotation’). On a mentionné que ces paiements étaient pour des travaux additionnels, mais plusieurs de ces travaux additionnels n’avaient pas été approuvés par la direction.
  • Qui plus est, des paiements ont été effectués à des directeurs des compagnies de rénovation personnellement et non aux compagnies elles-mêmes.
  • Plusieurs paiements ont été effectués en liquide.
  • Il y a eu des ‘out of pocket expenses’ de Rs 3.5 millions ont eu lieu pour le logement et la nourriture des entrepreneurs étrangers.
  • Plus de 192 « electronic lockers » défectueux ont été achetés. Comme le fait remarquer l’auditeur interne, personne n’a eu le bon sens de vérifier un seul « locker » comme échantillon avant de commander tout le lot.
  • Il note aussi qu’il y a eu un cas de « non compliance » avec les lois, ce qui fait que SITL a dû s’acquitter d’une pénalité de Rs 50 000 auprès d’une autorité locale.
  • En ce qu’il s’agit du ‘Boomerango’, il y a eu des transactions de plus de Rs 76 millions, et le projet a été complété à 68 %. Plus de Rs 35 millions sont actuellement requises pour compléter le projet. L’auditeur interne devait faire observer qu’il y a eu, concernant ce projet, « wastage of resources » ou encore « no return on investment ». « A proper financial planning, prioritization of projects, adequate project monitoring and due consideration to complete the different jobs in the most efficient and cost-effective manner could have helped to prevent putting the Boomerango project on hold », devait écrire l’auditeur.

L’auditeur interne a conclu qu’il y a eu une mauvaise planification en ce qui concerne les travaux. Il a aussi conclu que les « internal controls » mis en place ont été « inadequate », que ce soit en termes des procédures d’appels d’offres, le ‘recording’ des transactions et l’avalisation au niveau approprié.  Il y a aussi eu plusieurs « bad practices » comme le paiement en liquide ou aux directeurs des entreprises de rénovation personnellement.