Valeurs

Nous savons tous que l’aboyeur de service qu’est le ministre Bobby Hurreeram a la fâcheuse manie de ‘koz n’importe’. Généralement, tout ce qu’il dit n’a aucune valeur, d’autant qu’il ne vaut lui-même pas grand-chose sur l’échiquier politique. Mais ses diatribes nous ont, cette fois-ci, poussé dans une situation délicate sur le plan diplomatique. Un peu à la manière de Showkutally Soodhun, sauf que le ministre des Infrastructures publiques a, lui, touché une corde beaucoup plus sensible en prenant pour cible Huawei, et par extension la Chine qui nous a longtemps soutenu dans nos projets de développement. Ainsi, la riposte de l’ambassade de Chine était non seulement prévisible, mais tout aussi justifiée. « Il ne faut pas créer un adversaire ou un ennemi externe pour résoudre ses problèmes internes », a soutenu l’ambassadeur chinois, Zhu Liying sur Radio Plus. Et il a parfaitement raison.

En essayant de trouver une parade pour justifier l’intervention indienne débouchant sur une ‘data capture’ suspecte et illégale à la station de Baie-Jacotet le 15 avril dernier, Bobby Hurreeram a maladroitement dressé Maurice contre la Chine alors que la neutralité, surtout dans le contexte géopolitique actuel, est une règle d’or que nous aurions dû – et devons – observer en toute circonstance. D’autant que nous savons qu’outre Sherry Singh, le gouvernement de Pravind Jugnauth a également entretenu des relations privilégiées avec Huawei, comme nous le faisions ressortir la semaine dernière. Raison pour laquelle certains ministres ignares du MSM seraient bien avisés de la boucler au lieu de nous affliger avec leurs diatribes, tout en causant un tort irréparable au pays.

Dans les coulisses de Lakwizinn cependant, l’embarras diplomatique causé par Bobby Hurreeram auprès de la Chine ne figure parmi ses ‘top-most priorities’, bien que le Premier ministre ait tout fait pour fuir la presse, mercredi, afin de ne pas avoir à en parler. Sa seule préoccupation consiste à redorer le blason de Pravind Jugnauth et de son gouvernement après les dégâts causés par les révélations de Sherry Singh. Le ‘money politics’ semble donc avoir été mis à contribution pour que Girish Guddoy retourne sa veste et retrouve le chemin du Telecom Tower avec en poche, une promotion subite et douteuse. Une somme à huit chiffres est même avancée dans certains milieux pour « acheter » la conscience de l’ancien CTO promu ‘Chief Service Officer’ (CSO) de MT.

Les « valeurs » de ce dernier ont ainsi fait demi-tour en deux semaines et il est passé de patriote à chatwa sans que l’on s’y attende. Son comeback au Mauritius Telecom permet au régime Jugnauth de bétonner la thèse de complot contre le Premier ministre, d’autant qu’il s’agit de celui-là même qui avait confirmé la « data capture » à Baie-Jacotet dans son rapport soumis à Michel Legland le 12 juillet 2022, avant qu’il ne démissionne une semaine plus tard, soit le 19 juillet 2022. Ce qui est constant dans l’approche de Girish Guddoy, c’est qu’il se laisse facilement manipuler. Tantôt par le PMO qui l’avait apparemment fait signer un premier rapport dont il n’était pas l’auteur le 2 juillet 2022 et tantôt par Mauritius Telecom qui l’a convaincu de reprendre sa lettre de démission avec, à la clé, une montée en grade au sein de la compagnie alors que la ‘Chief Human Resources Officer’ Nirmala Ramjhuria a, elle, été suspendue justement pour une question d’exercices de promotion sous la houlette de Sherry Singh.

Dans les deux cas, c’est Lakwizinn qui tirait indiscutablement les ficelles. Il va donc sans dire que l’éventuel interrogatoire de Girish Guddoy par le CCID jouera en faveur du Premier ministre. Cover-up garanti. Comme nous en avons déjà vu dans des précédents cas où le Premier ministre, ses ministres ou des proches du régime sont concernés. Autant confirmer que notre police est tout sauf indépendante. Autant prouver aussi que l’opération « asté vendé » est bien enracinée dans les mœurs du MSM et dans les arcanes du pouvoir actuel. Des facteurs qui mènent directement à la décadence du pays.