Stratégie faussée et fauchée

La communauté musulmane n’est pas à vendre, disions-nous dans notre dernier édito en date du 2 octobre 2022. Les derniers événements nous donnent raison. Malgré toutes les tentatives de débauchage du Sun Trust, Osman Mahomed a rassuré qu’il reste bien en selle au PTr. Reza Uteem, également convoité par le MSM, ne compte pas changer d’allégeance non plus. Ces deux députés du no. 2 étaient ciblés par le gouvernement de Pravind Jugnauth dans sa stratégie d’appâter la communauté musulmane. Or, contrairement à Salim Abbas Mamode au no.3, et Mahomed et Uteem doivent savoir qu’un saut au MSM serait non seulement suicidaire pour eux électoralement parlant, mais violerait également les convictions qu’ils ont jusqu’ici défendues et qui sont diamétralement opposées à celles prônées par le MSM d’hier et d’aujourd’hui, sous le règne du père comme celui du fils et ce, malgré l’ouverture illusoire que semble pratiquer Pravind Jugnauth conformément à sa stratégie électorale.

Il convient de rappeler que ce n’est pas la première fois que le MSM active un desk spécial chargé de faire les yeux doux à l’électorat musulman. En 2015, Showkutally Soodhun, alors vice-Premier ministre, avait annoncé la création d’un ‘Muslim Desk’ au sein de son ministère. Celui-ci avait comme tâche de s’occuper des doléances de la communauté musulmane. Showkutally Soodhun s’est aussi présenté dans la presse saoudienne comme « Minister of Islamic Affairs and Hajj », avec la bénédiction du PMO. Même après son départ forcé du Conseil des ministres dans le sillage des allégations portées contre lui pour incitation à la haine raciale en 2017, il était demeuré à la tête de ce ‘Muslim Desk’ du gouvernement et s’était même rendu en Arabie saoudite pour négocier l’ouverture d’un consulat. Or, cette stratégie n’a jamais porté ses fruits auprès de la communauté musulmane, celle-ci ayant rejeté tous les candidats présentés par le MSM-ML dans les circonscriptions 2 et 3 aux élections de 2019.

La tâche de Pravind Jugnauth et de son desk spécial réactivé au PMO cette fois-ci pour l’opération de débauchage s’avère encore plus difficile avec la mise en vente de la MauBank qui se précise. Celle-ci, on se souviendra, est née d’une fusion entre la ‘National Commercial Bank’ (NIC), qui avait remplacé la Bramer Bank du défunt groupe BAI de Dawood Rawat, et la ‘Mauritius Post Commercial Bank’ (MPCB). De quoi raviver la douleur de cette même communauté que courtise vainement le gouvernement. Ce sera l’un des facteurs qui pèsera lourd dans la balance électorale pour encore des élections à venir. Surtout si les 70% des actions de la MauBank qui seront mises en vente sont éventuellement acquises par une compagnie indienne, car celle-ci est automatiquement liée au gouvernement Modi qui a une influence certaine sur le gouvernement de Pravind Jugnauth. Ce sera perçu comme une autre trahison du Premier ministre envers la communauté musulmane, après celle de l’affaire ‘Sniffgate’ à l’encontre du pays.

D’ailleurs, la réticence du Premier ministre de donner les élections municipales s’explique aussi par l’antipathie que lui voue l’électorat des circonscriptions nos. 2 et 3, rendant une victoire de l’alliance gouvernementale à Port-Louis impossible. Tout comme dans les quatre autres villes où l’opposition est en force. Il faudra donc au MSM plus qu’une opération débauchage ou « asté vendé » pour se faire une place au soleil port-louisien. D’autant que la présence du Sun Trust dans la capitale rappellera sans cesse à cet électorat précis les torts immenses que le MSM lui a causés.