Alors que les agressions contre les travailleurs du transport sont toujours d’actualité… ; Aucune volonté réelle pour résoudre le problème

Les cas d’agressions sur les travailleurs du transport en commun sont devenus monnaie courante, cela en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation et le renforcement des patrouilles de police. Les travailleurs du transport sont vulnérables car ils interagissent quotidiennement avec le public. Un problème maintes fois décrié, mais sans que les autorités, notamment le ministère du Transport et la police, ne prennent le taureau par les cornes.

Les mesures qui peuvent protéger les travailleurs du transport

Les travailleurs du transport doivent faire appel à un ensemble de compétences complexes, y compris une certaine compétence en matière de communication, afin de résoudre les conflits qui peuvent survenir avec les passagers. Le tempérament approprié est requis pour qu’ils puissent effectuer leur travail. Toutefois, une formation de ces derniers, ainsi que l’implémentation de certaines mesures, pauvent aider à reduire les cas d’agressions.

Les moyens pour protéger les travailleurs du transport en commun constituent un large éventail : cela peut inclure la technologie, le maintien de l’ordre par la police, la formation, la gestion de l’information, la politique en matière de transport et la sensibilisation du public. Ces méthodes peuvent être directes et préventives, ou indirectes et à long terme.

Les méthodes dites physiquement préventives peuvent inclure des barrières de protection et la légitime défense, ainsi qu’une formation appropriée dans ce domaine. Ils peuvent parfois être le seul rempart capable de dévier les attaques.

Une barrière qui sépare le travailleur des passagers est une mesure conçue pour empêcher les assaillants d’accéder physiquement à l’opérateur, bien que difficilement applicable dans le cas des receveurs. L’entraînement à l’autodéfense, en enseignant à l’opérateur des techniques pour se défendre, peut lui éviter des blessures en cas d’agression. Les dispositifs d’autodéfense pouvant être utilisés à distance constituent une autre méthode préventive et qui ne nécessitent pas de contact physique avec l’assaillant.

 

De nombreuses situations peuvent être sources de conflits

Nous nous sommes tournés vers le Traffic Officer de la United Bus Service (UBS) de la Gare du Nord pour en savoir plus sur ce qui peut occasioner les débordements de violence sur les travailleurs du transport.

 

 

 « De nombreuses situations peuvent être sources de conflits. Par exemple, des passagers qui refusent de payer pour le trajet, ou encore les collégiens qui accaparent les gares après les heures de l’école et mentent à leur parents qu’il n’y avait pas d’autobus. Des fois, même les vieilles personnes refusent de présenter leur ‘Buss Pass’, en disant que ‘Ou pa trouver mo deza vié ?’ »  Choses qui rendent le travail des opérateurs du transport encore plus complexe et difficile. « Zot bizin coorpéré ek kompren ki nou sorti, nou vin travay kuma tout dimoune pou nourri nou fami. Nou parey kuma tou humain ek bizin respekte nou osi », dit-il.

 

« Les travailleurs du transport ont parfois tort, en adoptant un comportement abusif envers les passagers »

Le chairman du Bus Industry Employees Welfare Fund,  Vivekanand Auchoybur, dit de son côté que cet organisme essaie d’implémenter toutes les mesures nécessaires afin de mieux encadrer les travailleurs du transport, car il faut bien reconnaître que ces derniers sont vulnérables face aux membres du public. D’ailleurs,  ils ont même récemment démarré une campagne de sensibilisation.

Cependant, Vivekanand Auchoybur est d’avis que la police a également un grand rôle à jouer afin d’assurer la sécurité des passagers dans les zones à risques. Toutefois, il fait aussi ressortir que des fois, les travailleurs du transport ont parfois tort, en adoptant un comportement abusif envers les passagers.

Afin de limiter les cas d’agressions dans les zones à risques, le Bus Industry Employees Welfare Fund dispense une formation en autodéfense, deux fois par semaine, aux travailleurs du transport.

Plusieurs cas d’agression non rapportés à la police

Vivekanand Auchoybur affirme de nombreux cas d’agressions ne sont pas rapportés à la police car les opérateurs du transport ont peur d’être victimes de nouveau par leur agresseur. « Ils empruntent la même route tous les jours et n’ont d’autre choix que de garder le silence, par peur d’être victimes de vengeance par leur agresseur. Nous avons eu plusieurs cas de ce genre dans le passé. Mais il faut dire que les travailleurs du transport sont les plus vulnérables dans une situation violente car ils doivent toujours garder leur calme, même en cas d’agression, car s’ils agressent à leur tour le passager, ils risquent de perdre leur travail ».

L’inaction du ministère du Transport décriée

Le président de la NTC Workers Power Union, Vijay Bhantoo, monte au créneau pour dénoncer l’inaction des autorités, et pointe du doigt le ministère du Transport. Il affirme que la situation s’aggrave davantage et exprime sa crainte que cela pourrait s’étendre aux employés du Metro Express également.

Les lettres adressées jusqu’ici exprimant les craintes et les doléances des travaileurs du tranport suite aux récents incidents, au ministère du Transport et au Premier ministre, sont restés lettre morte, et aucune suite n’a été donnée. « Je lance un appel aux autorités et à la police de prendre des actions concrètes et d’alourdir les sentences contre les agresseurs afin de réduire les cas d’agressions », nous a-t-il déclaré.

 

Un receveur agressé avec un thermos : la police laisse partir l’agresseur sans prendre aucune action

Le dernier cas d’agression date du mercredi 14 août. Un receveur de la Corporation nationale de transport (CNT) devait recevoir 6 points de suture au front après avoir été agressé avec un thermos par un passager fou furieux. Alors que l’agresseur avait été remis aux policiers affectés au poste de police de l’hôpital Victoria, la police aurait apparemment laissé l’agresseur partir tranquillement, sans être nullement inquiété… Une affaire qui est prise au sérieux au niveau syndical, par le NTC Workers Power Union.

 

Les faits se sont déroulés sous les regards des autres passagers, à hauteur de Candos. Vishal, le chauffeur, et Vel Govinden, le receveur, effectuaient le trajet no 3 (Vacoas-Port-Louis). Un couple avec son bébé est monté à bord de l’autobus. Alors que le receveur lui réclamait le paiement du trajet, l’homme aurait refusé de payer sous prétexte qu’il n’avait pas d’argent sur lui. Le receveur devait alors demander au couple de descendre au prochain arrêt d’autobus. Vexé, le passager s’en serait pris à lui en l’agressant avec un thermos qui contenait un liquide chaud, selon le receveur.

Les autres passagers se seraient éloignés par peur de se faire agresser. Le conducteur aurait aussitôt fait demi-tour afin de se rendre au poste de police de l’hôpital Victoria. Les policiers ont appréhendé le couple alors que les deux travailleurs du transport ont reçu les premiers soins à l’hôpital même. Toutefois, à leur grand étonnement, ils devaient apprendre que les policiers ont laisser partir l’individu sans prendre aucune action, alors qu’il s’agit là d’une agression flagrante.

 

Le nombre d’agressions en baisse

Selon les chiffres fournis par le Bus Industry Employees Welfare Fund, les cas d’agressions sur les travailleurs du transport ont considérablement diminué. De janvier 2019 jusqu’à présent, 15 cas ont été enregistrés auprès de la police du Transport, alors qu’en 2017, 54 cas d’agressions avaient été enregistrés, tandis qu’en 2018, 42 cas ont été rapportés.

Mais comme nous l’indique Vivekanand Auchoybur, le Chairman du Bus Industry Employees Welfare Fund, de nombreux cas d’agressions ne sont pas rapportés à la police car les travailleurs du transport redoutent de croiser leur agresseur, vu qu’ils empruntent la même route tous les jours.