Attentes budgétaires : Les PME et les planteurs veulent des mesures concrètes

Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, présentera le budget pour l’année financière 2022/2023 le mardi 7 juin. Nous nous sommes focalisés sur deux secteurs clés de notre économie, notamment les PME et le secteur agroalimentaire, pour connaître leurs attentes. N’empêche qu’un certain pessimisme règne, vu la marge limitée du gouvernement, et vu sa propension à ignorer les propositions.

Ajay Jhurry, le président de l’Association des ‘tour operators’, se montre plutôt pessimiste par rapport au prochain budget, surtout en ce qui concerne les PME (petites et moyennes entreprises). Il dénonce le fait qu’il y a un déphasage entre les propositions qui sont mises en avant et les actions prises par le ministre des finances. « Aucune de nos propositions n’est prise en compte », fustige-t-il. Selon lui, « à plusieurs reprises, les PME sont venues avec des suggestions à l’intention du ministre des Finances mais ont été jetées à la poubelle », dénonce-t-il.

Il nous indique que du côté des PME, il n’y a pas de grande attente cette fois-ci. Il demande tout simplement à ce que les propositions qui ont été faites depuis le début de la pandémie de covid-19, ainsi que pendant les présentes consultations pré-budgétaires, soient prises en compte par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Dans le fond, dit-il, les propositions des PME sont restées identiques. « Tout dépendra de la façon dont le ministre des Finances a travaillé sur ces propositions qui ont été faites dans le but d’améliorer la situation », dit-il.

Il se pose aussi la question, vu que le ministre des Finances a une marge de manœuvre limitée, quelles seront les solutions qui seront apportées qui pourront soulager les PME. Toutefois, il avertit que le gouvernement devra revoir d’urgence sa stratégie en ce qui concerne les PME car leur situation est précaire. « Si rien n’est fait, beaucoup de PME devront mettre la clé sous le paillasson », prévient-il.

Dans le dernier budget de Renganaden Padayachy, le gouvernement avait offert des emprunts pour soulager les PME, mais selon Ajay Jhurry, ce n’est pas la solution appropriée aux problèmes de ces derniers. Car avec la pandémie de covid-19, les PME s’étaient déjà lourdement endettées et elles ne peuvent s’endetter davantage. « Ce n’est pas l’argent qui compte pour l’heure. Il faudrait plutôt trouver des solutions fiables », dit-il.

Il avance ainsi que des mesures autres que les prêts peuvent être envisagées, en termes de stratégie, de lois cadres et du ‘ease of doing business’, pour permettre aux PME de remonter la pente. Ainsi, au niveau institutionnel, on devra revoir le fonctionnement de certains organismes étatiques pour faciliter, accompagner et encadrer les PME. « On ne peut plus accepter les dysfonctionnement de certains de ces organismes », conclut-il.

Les petits planteurs réclament Rs 1 milliard du MIC

En ce qui concerne le secteur agroalimentaire, le secrétaire de la ‘Small Planters Association’ (SPA), Kreepalloo Sunghoon, nous indique que son association a déjà soumis ses propositions au ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Il fait ressortir que dû à plusieurs facteurs, la production agroalimentaire a considérablement chuté à Maurice, passant de 122 000 tonnes en 2012 à moins de 90 000 tonnes en 2020, alors que plusieurs terres arables (soit 27 000 acres) sont dans un état d’abandon. « Un petit pays comme Maurice ne peut pas se permettre cela. Cela ne doit pas concerner seulement les petits planteurs, mais aussi le gouvernement et les consommateurs », dit-il. Ce dernier avance que Maurice doit ainsi impérativement accroître sa productivité agroalimentaire.

Ci-dessous, une sélection des propositions de la SPA.

  • Qu’un milliard de roupies du MIC (Mauritius Investment Corporation) soit mis à la disposition des petits producteurs agricoles.
  • Que des prêts soient émis par la DBM aux petits planteurs, sans aucun intérêt, ce qui fait que la banque partagera une partie des risques.
  • Que les petits planteurs soient exempts de l’Income Tax, ce qui aidera à accroître la production agricole.
  • L’introduction dans le secteur agricole de plus de moyens technologiques comme les senseurs, l’automatisation, l’énergie solaire et les drones.
  • Selon lui, plus de 40 % de la production des petits planteurs sont perdus dans les vols aux champs, un phénomène qu’il demande à combattre par plusieurs moyens, dont les cameras CCTV, plus de patrouilles policières et une compensation en cas de vol.
  • La création d’un fonds de pension pour les planteurs, les éleveurs et les pêcheurs.
  • Que l’on encourage les familles mauriciennes à produire dans leurs jardins, voire sur leurs toits, ce qui leur permettrait d’économiser de l’argent et d’accroître la productivité au niveau national.
  • Une distribution plus équitable des richesses du secteur sucrier. Que les petits planteurs jouissent d’un prix minimum de Rs 2 500 par tonne de canne, et qu’ils puissent démarrer leur propre usine de transformation, pour ne plus dépendre des barons sucriers.