Manisha Dookhony, économiste : « Il faut exploiter de nouveaux pôles de croissance »

Dans son analyse pré-budgétaire, l’économiste Manisha Dookhony fait quelques propositions, qui selon elle, aidera à jeter de nouvelles bases pour redresser la situation. À court terme, elle recommande une chasse aux fonds publics. À long terme, elle plaide pour que le gouvernement explore de nouveaux axes de croissance, dont l’économie bleue, le rehaussement de notre secteur manufacturier pour qu’il soit un substitut à l’import et reconsidérer les opportunités qu’offre l’Afrique, entre autres.

Dans son analyse, notre interlocutrice brosse un tableau peu reluisant de notre économie. Les points saillants : l’inflation est une réalité que personne ne peut ignorer, qui s’est corsée davantage avec la covid-19 et ses confinements successifs et le coût du fret qui a pris l’ascenseur, sans oublier la guerre russo-ukrainienne. « Au cours de ces trois derniers mois, les augmentations des prix des produits de base continuent de plus belle. L’économie est malade avec ce genre de perturbations et tous les fondamentaux économiques fluctuent », explique-t-elle.

Elle fait ressortir que les augmentations des prix des produits entraînent l’inflation qui, par conséquent, réduit la valeur de notre roupie. « En augmentant les prix, l’inflation réduit la valeur de la roupie. Les prix des biens et des services augmentant constamment, tandis que la valeur de l’argent diminue. À revenus constants, l’impact sur le pouvoir d’achat est réel et le niveau de vie chute brutalement », souligne l’économiste, qui conclut que la classe moyenne s’appauvrit et que les plus vulnérables souffrent encore plus.

Qui plus est, sur le chapitre des investissements du secteur privé, notre interlocutrice pense que « l’investissement du secteur privé est très faible. Nous constatons peu d’investissements en dehors du secteur de la construction ». Elle ajoute que, selon le dernier rapport du Bureau des statistiques, le taux d’investissement du secteur privé a chuté.

Maurice a aussi des atouts et des opportunités à saisir

À court terme, Manisha Dookhony recommande une « chasse aux gaspillages », en mettant en place une vraie politique de réduire les dépenses publiques inutiles. Elle est ainsi d’avis que le gouvernement doit identifier et réduire les dépenses potentiellement frauduleuses, comme l’ont souligné les médias ces derniers temps. Parallèlement, il faudrait réfléchir à l’efficacité et à l’amélioration des services gouvernementaux.

Selon elle, à long terme, le gouvernement devrait œuvrer sur le développement des nouveaux pôles de croissance qui généreront de la valeur ajoutée et des emplois pérennes ainsi qu’un nivellement des salaires vers le haut. Elle favorise ainsi en ce sens l’économie bleue ou l’économie circulaire.Elle maintient qu’il est temps de développer des secteurs, tels la biotechnologie qui, à son avis, « reste encore restreint ».

« Qui plus est, il est bon de se rappeler que Maurice a signé trois accords de libre-échange avec la Chine, l’Inde et l’Afrique. Avec ces trois accords additionnels, des nouveaux segments dans le secteur manufacturier pourraient s’avérer utiles. On oublie trop souvent que nous avons une base manufacturière très solide qui pourrait être le substitut à l’import surtout que certains des segments dans ce secteur demeurent toujours florissants », fait-elle ressortir.

Dans la même lignée, Manisha Dookhony soutient que les accords de COMESA et celui de la SADC apportent des avantages non-négligeables. Pour elle, l’Afrique reste un marché très prometteur pour le pays. « Comme objectif immédiat, nous pouvons examiner nos offres des services par rapport aux sources de croissance en Afrique, y compris l’économie verte, l’énergie solaire, l’hydroélectricité ainsi que la numérisation et les technologies », dit-elle.

ASH