Campagne d’intimidation

Cinq arrestations et neuf interpellations en une semaine

  • Un travailleur social d’Hermitage passe la nuit en cellule pour avoir dit le mot « gopia » 

Le pouvoir semble être déterminé à sévir contre ceux qui osent élever la voix contre le gouvernement. D’ailleurs, le Premier ministre s’est même montré menaçant, en lançant une mise en garde contre ceux qui « fer désordre ». Cette campagne d’intimidation a eu culminé, cette semaine, en cinq arrestations et neuf interpellations.

Les cinq personnes arrêtées et traduites en cour ont dû payer une caution pour retrouver la liberté conditionnelle. Parmi, il y a quatre habitants de Plaine-Magnien, nommément Nazim Gurrib, le président du village, Vashil Jasgray et Cursley Nadal, deux conseillers de village et Gaadish Boodhun ont été convoqués par la ‘Criminal Investigation Division’ (CID) de Rose-Belle. Ils étaient d’ailleurs déjà au courant que leur interpellation était imminente, car un officier du ‘Citizen Advice Bureau’ (CAB) de Plaine-Magnien avait porté plainte à la police suivant une réunion tenue par les ministres Bobby Hurreeram et Stéphan Toussaint ainsi que le PPS Kavi Doolub. Ces derniers ont également été entendus par les enquêteurs avant que les quatre habitants de Plaine-Magnien ne soient arrêtés. Ils ont soutenu s’être senti « molested and humiliated » à leur sortie de la réunion où ils étaient hués par des habitants.

Mardi, les trois conseillers Gurib, Jasgray et Nadal et G. Boodhun se sont rendus au poste de police, suivant un appel des enquêteurs. Ils ne se doutaient toutefois pas qu’ils allaient passer la nuit en cellule policière. Après leur interrogatoire, ils ont été informés de leur arrestation et les quatre ont passé la nuit en cellule policière, avant de comparaître, le lendemain, en cour de Mahébourg, sous une accusation provisoire d’outrage envers un membre de l’Assemblée nationale, et où ils ont été libérés sous caution. Les quatre ont nié avoir créé du désordre, mais ils ont confirmé qu’ils étaient présents au moment où se tenait la réunion à laquelle assistaient les ministres Bobby Hurreeram et Stéphan Toussaint au bureau du CAB.

« Pas gagne droit causer aster » 

Le même jour, soit dans l’après-midi, la police s’est attaquée à un autre cas : celui de « Manhattan » où le PPS Gilbert Bablee et le maire Praveen Kumar Ramburn ont été hués lors d’une émission radiophonique tenue par Radio One en direct de Vacoas. Le maire avait consigné une ‘precautionary mesure’ au poste de police de Vacoas, relatant l’incident, et affirmant qu’il craignait pour sa vie. Il avait même réclamé une patrouille régulière de la police non loin de son domicile à un intervalle régulier. Et mercredi dernier, une plainte formelle a été déposée à la police, conduisant ainsi à l’arrestation de Ramsingh Bhandoa, 34 ans, habitant Hermitage. Selon l’acte d’accusation logé contre lui en cour de Curepipe, une charge provisoire de ‘Rogue and Vagabond’ a été déposée contre lui. Il est reproché d’avoir utilisé le mot … « gopia » contre le maire ! Un témoin l’aurait même identifié après son interrogatoire par la CID de Curepipe. Mais il nie toute implication dans cette affaire.

À sa sortie du tribunal jeudi, Ramsingh Bhandoa n’a pas caché son indignation. Il se dit attristé par la tournure de cette affaire. « Mo ene travailleur social, mo content faire kitchose pou mo village, zordi quand cozer, get ki arrivé, mo bien triste, selma mo pas pou arrêté », a confié le jeune homme à la presse, en ajoutant que « mo pa ti koné pas gagne droit kozé dans sa pays la ».

Neuf interpellations à Camp Diable

Toujours jeudi, neuf personnes ont été interpellées alors qu’elles manifestaient pacifiquement non loin du temple Amma Tookay à Camp Diable. Aucune charge n’a toutefois été retenue contre elles. Les manifestants se trouvaient non loin du kovil pour exprimer leur mécontentement suite à une fête culturelle organisée par la ‘Mauritius Tamil Temples Federation’ (MTTF). Ils déplorent le fait que cette cérémonie pour marquer le nouvel an Tamoul ait été politisé et qu’aucun politicien de l’opposition n’a été autorisé à prendre la parole. Seul le président de la fédération et le Premier ministre ont pu tenir un discours ce jour-là. Après deux heures d’interrogatoire, les manifestants ont été autorisés à partir, mais ils devront toutefois rester à la disposition de la police si jamais ils doivent de nouveau être entendus. 

Une ‘Precautionary measure’ contre le PM

Vivay Pursun a consigné, vendredi, une ‘Precautionary measure’ contre le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Il estime que le Premier ministre a commis un impair en tenant un discours politique à l’occasion de la cérémonie religieuse marquant le nouvel an tamoul au temple Amma Tookay à Camp Diable, jeudi. Ce discours politique, dit-il, a été diffusé durant le journal télévisé de la MBC. Pourtant, soutient-il, le Premier ministre avait promis de ne pas faire des discours politiques aux événements religieux. Vinay Pursun réclame ainsi que le Premier ministre présente des excuses à la population et à la communauté hindoue.