Des machinations en cours pour faire porter le chapeau à des politiciens

Après les emeutes de la semaine dernière

Cela fait déjà une semaine après les émeutes où des Mauriciens ont fait entendre leur voix pour protester contre la hausse du prix du gaz ménager et du carburant. Des actions simultanées, sans aucune préparation, où des manifestants se sont exprimés devant les Casernes centrales, à Camp Levieux, Roche-Bois, Sainte-Croix, Bois Marchand, Trou d’Eau Douce, Résidence Vallijee et Résidence Magalkhan.

À ce jour, les différentes unités de la police à travers le pays ont procédé à l’arrestation de 36 personnes soupçonnées d’avoir participé aux émeutes. Une bonne partie des suspects sont passés aux aveux et ont expliqué comment ils ont participé à ces manifestations, sans toutefois parler d’un acte prémédité. Certains ont donné des détails à la police, expliquant comment ils ont volé des caoutchoucs pour ensuite les brûler sur l’autoroute, en particulier à Riche-Terre dans la soirée du vendredi à samedi dernier.

Mais voilà que des politiciens sont ciblés à ce stade, sans preuves. Certains veulent faire croire que la colère exprimée par la population serait un acte planifié depuis plusieurs jours et que certains de ces politiciens auraient également identifié des personnes dans les régions concernées, pour ensuite les financer. Dès son arrivée au pays dimanche dernier, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, s’est adressé à la MBC pour condamner les incidents qui ont eu lieu dans le pays, et c’est là qu’il a parlé d’incidents planifiés. Mais la réplique des habitants des localités concernées ne s’est pas fait attendre.

N.H de Camp Levieux : ” Pas bizin paye nous pou faire tane nous la voix quand nous faim”

Présent dans les rues de Camp Levieux, cet homme d’une cinquantaine d’années revient sur la soirée fatidique, où il y avait des jets de pierre en direction des forces de l’ordre, et ensuite la réplique de celles-ci avec des cartouches de gaz lacrymogène et des grenades. Cet homme, N.H, explique que l’arrestation de Darren Activiste, Louis Domique Seedeeal de son vrai nom, a fait dégénérer les choses ce soir-là. “Piti la, ene zeness, nous pas conne li, line vini, li pe diboute pou l’endroit, aster pe trappe li, batte li, sa coup la ferme li, ki ou le nous faire, nous guetté même?”, se demande t-il.

Quelques jeunes de la région, mécontents, ont exprimé leur colère, et ils ont été suivis par plus de 200 habitants, divisés en deux groupes. Les choses ont vite dégénéré, et les éléments de la Special Supporting Unit (SSU) et la Special Mobile Force (SMF) ont été vite mandés sur les lieux pour protéger le poste de police de la localité. Plusieurs cocktails molotov ont d’ailleurs été lancés en direction de la police ce soir. Ce qui inquiète cet habitant de Camp Levieux, c’est la série d’arrestations qui se poursuit. “Nek pe arrêté, sa coup la innocent aussi pou alle passe la dans, sa li pas bon”.

H.F, de Bois Marchand: “Ici nous pas prend l’ordre avec personne”

Gouvernement ou opposition, il ne veut entendre parler de personne. Le sexagénaire n’hésite pas à parler de février 1999. Il parle de situation similaire, instantanée, où des Mauriciens se sont exprimés. “Banne zaffaire koumsa, pena pou donne l’ordre ça, quand dimoune encolere, li desan lors simé ici, ki l’ordre ou pe causé, si pas dimoune ine dire nous faire sa, ici nous pas prend l’ordre are personne, parski nous tout seule ki ramasse nous probleme”, dit-il. Il arrive difficilement à comprendre, comment certains veulent faire croire que des habitants ont été téléguidés dans leurs actions.

Plus d’une soixantaine d’arrestations à prévoir 

À ce jour, la police a procédé à une trentaine d’arrestations. Une trentaine d’autres arrestations n’est pas à écarter, explique une source. Plusieurs unités de la police ont été mobilisées et elles ont déjà identifié les participants à ces rassemblements.