Par Zahirah RADHA
Les différentes communautés qui composent la nation mauricienne sont aujourd’hui ahuries, choquées, voire blessées dans leur âme et croyances. Elles assistent, le cœur brisé, à la politique divisionniste et répressive du gouvernement en place. Elles sont confrontées à une dure et triste réalité : en dépit des belles prétentions et promesses de Pravind Jugnauth et de son gouvernement, il n’y a qu’une seule religion et communauté que ce dernier a à cœur : le Chatwaïsme. Les autres, le Premier ministre s’en moque royalement, surtout si les représentants de ces communautés ou des socioculturelles qui ne sont pas à la solde du régime en place osent élever la voix pour protester contre des injustices. Plus que de s’en moquer, son gouvernement va jusqu’à leur nuire à travers une politique répressive.
Le Maulana Shameem Khodadin en a fait les frais lorsqu’il a été convoqué injustement et arbitrairement par la Jummah Mosque la semaine dernière après ses interpellations publiques sur le don saoudien promis aux mosquées. Il était question, à un moment donné, d’actions disciplinaires contre lui. Et ce, après qu’il y ait eu des interventions en haut lieu. D’ailleurs, le prêtre religieux, qui jouit d’une excellente réputation et qui a eu un parcours sans faille durant ses 28 ans de carrière, a eu raison de poser la question suivante : « Ki lien ena entre Jummah Mosque et Sun Trust ? ». Une question à laquelle on souhaiterait bien avoir une réponse, dans un esprit de transparence et de redevabilité, conformément aux principes islamiques.
Et d’ailleurs, la communauté musulmane attend aussi des explications claires et précises de la part du gouvernement sur ce don saoudien et sur ses tentatives d’en faire bénéficier des ‘religious bodies’ au lieu des mosquées comme initialement prévu. Faut-il être sorcier pour comprendre que le gouvernement souhaite détourner ce don de son usage initial pour que des associations à sa solde en jouissent également afin qu’il puisse en tirer un capital politique ? D’ailleurs, nous en avions déjà fait état dans notre édition du 4 février 2024 (https://sundaytimesmauritius.com/don-saoudien-de-rs-240-millions-a-quand-un-decaissement-pour-aider-les-mosquees-inondees-par-les-recentes-averses/). Ce qui n’a pas été contesté par les autorités jusqu’ici. Plus qu’une manœuvre grossière, cette démarche gouvernementale ne peut être qu’une insulte à la communauté musulmane.
Après la convocation outrageuse du Maulana Khodadin, ce sont des représentants du Mouvement Rann Nou Later de la communauté tamoule qui ont été embarqués avec une violence inouïe et inacceptable par des policiers zélés qui ont clairement bradé leur âme et conscience au gouvernement MSM de Pravind Jugnauth. Depuis quand manifester pacifiquement pour ses droits, en conformité avec la ‘Public Gathering Act’ est-il synonyme de « rogue and vagabond » ? Depuis quand s’adresser à la presse est-il devenu un délit sous le code pénal ? Clairement, le gouvernement a dépassé toutes les bornes, non seulement en menant une politique d’exclusion envers cette communauté, mais aussi en violant les droits constitutionnels et humains de ses représentants qui ne réclament que leur dû.
La population a été tout aussi indignée par la démarche du Père Jocelyn Grégoire. Ce dernier qui ne fait son apparition qu’à l’approche des élections générales pour imposer ses candidats avec un objectif clairement précis et égoïste, vise clairement à montrer son soutien au gouvernement en place lors du concert qu’il prévoit prochainement. L’Église Catholique s’est, à juste titre, dissociée de cette démarche en reconnaissant la désapprobation des Mauriciens. Ce qui peut être perçue comme une gifle, certes indirecte, mais bel et bien résonnante au gouvernement. Faut-il aussi souligner le malaise causé au sein des Sino-Mauriciens après que l’hôpital Dr Bruno Cheong ait été réduit à une « coquille vide », pour reprendre les termes de l’épouse du défunt médecin, au profit du nouvel hôpital baptisé SAJ dans un élan purement personnel et politique ?
La tension qui règne actuellement dans le pays est palpable. Le principal responsable : le gouvernement MSM de Pravind Jugnauth. Le Chatwaïsme a pris le dessus. Comme dirait Kaya, « mo pep to racine pe brilé ».