Expect the unexpected. C’est ce à quoi il faut s’attendre avec le gouvernement. On a jusqu’ici vu des choses inimaginables. Et on n’a sans doute pas encore tout vu. Qui aurait pensé qu’un jour un Premier ministre utiliserait le Parlement pour attaquer ses adversaires ? Oui, il y a eu des piques et répliques dans le passé, et il y en aura probablement toujours. Mais Pravind Jugnauth, lui, va beaucoup plus loin. Il s’est dit pressé d’aller au Parlement ce mardi. Pourquoi ? Parce que « mo pou tir manze Eshan Juman. Ou pou gueter kuma mo pou tir so manze ! ». Donc, le Premier ministre n’est pas « pressé » de répondre aux interpellations parlementaires sur nombre de sujets d’intérêt national qu’il esquive systématiquement avec la complicité incestueuse du Speaker et certains députés gimmicks. Il n’est pas « pressé » pour « tir manze » de Kailesh Jagutpal qui ne cesse de « fane dal » depuis sa nomination comme ministre de la Santé. Mais il est « pressé » lorsqu’il s’agit de « tir manze » d’un député de l’Opposition. La population en prend bonne note. Elle jugera Pravind Jugnauth comme étant celui qui, au lieu de donner le bon exemple comme « Leader of the House », ne traite le Parlement que comme une grossière caisse de savon où il peut s’adonner librement à des coups bas contre ses adversaires, en jouissant de l’immunité parlementaire et sans être rappelé à l’ordre par le goalkeeper Speaker. Temple de démocratie ? Niet. Il n’existe plus !
C’est aussi intriguant de voir comment le régime actuel ne cesse de se comparer à l’ancien gouvernement travailliste. Pravind Jugnauth se rend-il compte à quel point il se ridiculise lorsqu’il compare les bouteilles de vin achetées par le Prime Minister’s Office alors placés sous la gestion de Navin Ramgoolam à celles récemment achetées par Kailesh Jagutpal à la Santé ? Le premier nommé organisait souvent des banquets officiels en l’honneur des chefs d’État qu’il recevait. Ce qui n’a évidemment rien à voir avec les bouteilles de vins offertes en « cadeaux » aux consultants étrangers par le ministère dirigé par Jagutpal alors que l’alcool ne rime absolument pas avec santé. Ne comparons pas l’incomparable. Le ministre Soodesh Callichurn a aussi trouvé le moyen lors de la dernière PNQ du leader de l’Opposition de s’en prendre à l’ancien gouvernement travailliste sur le montant de la compensation salariale accordée en 2007 et 2008. Mais il a vite été rappelé à l’ordre par Xavier Duval qui lui a rafraîchi la mémoire quant au passage de Pravind Jugnauth au ministère des Finances en 2010 et 2011. La façon dont les dirigeants actuels s’acharnent sur un gouvernement qui n’est plus en place depuis neuf ans en dit long sur la hantise qu’ils éprouvent à l’idée de voir Navin Ramgoolam et ses alliés reprendre le pouvoir.
D’ailleurs, le gouvernement de Pravind Jugnauth will leave no stone unturned pour se retrouver de nouveau à la tête du pays après les prochaines élections générales. Sachant que le MSM est impopulaire en régions urbaines, le gouvernement mise sur une stratégie qui viserait à lui faire conquérir des sièges dans les villes. Ce qui passera inévitablement par Ivan Collendavelloo au no. 19. D’où les leviers qui sont actuellement activés en ce moment pour le dédouaner dans l’affaire St-Louis. Ce qui le reconduira, après trois ans et demi à naviguer dans le désert, au Conseil des ministres pour la dernière année de ce mandat. Et en faisant l’impasse sur la façon dont il avait été laissé tomber comme une vieille chaussette durant la majeure partie de ce mandat. Et durant lequel il a fait preuve de stoïcisme, malgré les grognes régulières des sous-fifres de son parti en privé. Il sera ainsi intéressant de voir comment évoluera l’enquête dans l’affaire St-Louis. Le blâme sera probablement jeté sur d’autres protagonistes et on fermera les yeux sur le bout de papier où était écrit le nom d’Ivan Collendavelloo. Ce qui lui avait valu son poste de Premier ministre adjoint en premier lieu…