« En plein dans le cyclone » mais « open and safe »

« Nou en plein dans le cyclone ». Tenez-vous bien, c’est le Premier ministre lui-même qui le dit en parlant de la Covid-19 à Maurice. Mais que fait-il en tant que dirigeant du pays pour nous sortir de ce « cyclone » ? Laissant de côté la crise sanitaire et tout le bouleversement et drames humains qu’elle entraîne dans son sillage, Pravind Jugnauth choisit pile ce moment pour affûter ses armes et sévir contre les radios libres et indépendantes, tout en brandissant la guillotine à la presse écrite qui pourrait également être contrainte de révéler sa source d’informations, en attendant que le gouvernement ne vienne avec une autre loi aussi infâme pour la bâillonner.

« En plein dans le cyclone », Pravind Jugnauth trouve le moyen d’installer, après Ken Arian, un autre de ses super conseillers à la tête de l’‘Airports of Mauritius Ltd’ (AML) et au ‘Mauritius Duty Free Paradise’ (MDFP). Le chef du gouvernement nous couvre d’exemples prouvant qu’il excelle dans l’art de favoriser ses proches derrière le dos du peuple qui souffre, lui, désormais dans le mutisme, ayant été réduit au silence par l’‘IBA Act’ qui le musèle et paralysé par les restrictions sanitaires qui l’empêchent de manifester. Voilà comment « en plein dans le cyclone », le Premier ministre et son gouvernement assassinent notre démocratie et notre liberté et amplifie les souffrances de la population. C’est dans la tempête que l’on reconnait le capitaine, dit-on. Pravind Jugnauth nous mène, lui, directement sur les récifs. Le naufrage est donc inévitable. Mais attention, il devra tôt ou tard, faire face à un sacré retour de manivelle.

« The island is open and safe ». Dixit le ‘Deputy Prime Minister’ Steven Obeegadoo. L’île est certes « open », mais n’est pas le moindrement « safe » au vu du nombre de morts s’élevant à 119 cette semaine. Plusieurs pays ont donc choisi de « call the bluff » de Steven Obeegadoo, le faisant voir rouge. L’Arabie saoudite, l’Inde, la France, la Réunion et finalement l’Allemagne nous ont tout bonnement fermé leurs frontières, en faisant voir de toutes les couleurs à notre secteur touristique qui s’attendait à une reprise plutôt honorable en dépit des craintes exprimées auparavant. Ce coup de massue à un des piliers le plus important de notre économie est la conséquence directe de la mauvaise gouvernance et l’arrogance rebutante du gouvernement. Ce dernier, espérons-le, a appris ses leçons après avoir bêtement cru que les autorités internationales goberaient avec crédulité toutes ses faussetés et ses rassurances fallacieuses.

Prétendre que « the island is open and safe » alors qu’une députée réunionnaise s’est vue contrainte de plaider en notre faveur auprès du Premier ministre français pour qu’on puisse obtenir de l’aide en termes d’équipements et de soutien médical ne pouvait résulter qu’en un effet boomerang. Pourtant, cela aurait pu être évité si le Premier ministre était intervenu personnellement auprès de son homologue français pour demander son intervention après un dialogue franc et transparent au lieu de laisser le soin à un fonctionnaire d’adresser une lettre à l’ambassade de France, en défiant tout protocole. Mais le gouvernement n’est visiblement pas dans son assiette quand il s’agit de diplomatie, de prévoyance et de gouvernance. Et il s’offusque maintenant que la France nous ait mis sur sa liste de rouge écarlate.   

« Nou en plein dans le cyclone », néanmoins notre « island is open and safe ». Nos frontières sont ouvertes. Les touristes sont donc invités à venir goûter, non pas à notre fameux « sea, sun and sand » mais plutôt à venir braver notre cyclone où les incohérences du gouvernement sont légions, où les ministres peuvent dire tout et son contraire, faute de pouvoir accorder leurs violons. La rouge écarlate, ce n’est pas seulement ce que la France nous fait voir. Elle est aussi la couleur de la carte que le peuple brandit à l’intention du gouvernement.