Qui a besoin de Netflix quand les élus de la majorité se donnent quotidiennement en spectacle ? Les clowns, il n’en manque pas au gouvernement. Les ‘tapères’ et les ‘goondas’ aussi. En une seule nuit mercredi, nous en avons vu les deux. Les clowns, comme le ministre Hurdoyal qui s’essayait gauchement à la chanson « kuch to log kahenge » ou son collègue de cabinet Balgobin qui tentait tant bien que mal de ne pas « éclate micro » avec ses blagues de mauvais goût, nous pouvons toujours les tolérer. En dépit de l’image pitoyable et grotesque qu’ils projettent, ils nous offrent quand même des moments gratuits de détente et de fous rires, loin du stress quotidien qui est accentué par la hausse du coût de la vie et de l’incompétence du gouvernement dont ils font partie. Mais nous ne pouvons jamais au grand jamais accepter qu’un parlementaire abuse de sa position pour lever la main sur un ‘frontliner’.
Ce ‘frontliner’ exerçait son devoir tel qu’il est requis par son employeur. Et cet employeur, en l’occurrence la clinique Wellkin, applique lui-même des protocoles exigés par le gouvernement dans le sillage de la Covid-19. Malmener sauvagement un employé qui tenait à faire respecter ces règles dans le cadre de ses fonctions relève donc d’un manque total de respect, d’élégance et d’éthique, outre d’être un outrage à la loi et aux règlements. Kenny Dhunoo semble avoir le même sale caractère que le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. Ce dernier n’a pas daigné élever la voix contre l’agression lâche du député du no. 17 alors qu’à la moindre critique de sa gestion, le ministre Jagutpal se réfugie derrière les ‘frontliners’. C’est vrai qu’il est malaisé de rappeler quelqu’un à l’ordre quand vous peinez vous-même à donner le bon exemple. Tel est le cas de Kailesh Jagutpal qui, rappelons-le, fait aussi l’objet d’allégation d’agression de la part d’un autre ‘frontliner’ de son ministère, en l’occurrence l’Imam Zaheer Peerbux.
Bien qu’une déposition en bonne et due forme a été déposée contre le ministre Jagutpal le 17 juillet dernier, aucune action ou sanction n’a été prise contre lui. Mais dans le cas de Kenny Dhunoo, la scène a été captée par les caméras de surveillance de la clinique. Contrairement aux images CCTV qui ont disparu dans le cas de Kistnen, la vidéo de l’agression est bel et bien disponible et a été rendue publique par notre confrère TéléPlus. Elle ne laisse aucun doute quant à l’identité de l’agresseur. Pourquoi ce délit devrait-il alors rester impuni ? Le Premier ministre devrait s’inspirer de son prédécesseur qui, pour un délit similaire dans l’affaire Jeannot, et même sans qu’aucune vidéo ne soit disponible, avait sommé son Attorney General à soumettre sa démission, au risque de se voir révoqué. Mais Pravind Jugnauth n’est pas Navin Ramgoolam. Ni ne sanctionnera-t-il donc son député, ni ne laissera-t-il agir la police, comme l’ancien Premier ministre l’avait fait.
Un élu qui, outre de se comporter comme un « tapère », se permet également d’accorder des privilèges à son épouse lors d’un déplacement officiel en Inde où un cas d’attouchements allégués sur des déléguées étrangères commencent également à faire surface, et qui se comporte comme un inculte, ne mérite pas sa place au Parlement. Au lieu de vouloir « nettoyer » la presse, Pravind Jugnauth ferait mieux de balayer d’abord devant sa propre porte. S’il commence vraiment à « nettoyer » au sein de son gouvernement, la probabilité qu’il ne lui reste qu’une petite poignée d’élus est très grande. Sans compter qu’il se retrouverait lui-même exclu de cette poignée d’élus pour sa haute trahison envers le pays. Plutôt que d’attaquer ses adversaires politiques, il faudra aussi que le Premier ministre « nettoye » la police pour la débarrasser de ces parasites qui ne font que se plier à ses instructions et qui rechignent à enquêter quand des élus du gouvernement ou des ‘chatwas’ sont concernés.
Si le Premier ministre était droit et si la police inspirait confiance comme il se doit, personne n’aurait osé exercer des pressions sur l’infirmier-victime pour qu’il ne consigne pas de déposition, d’autant que son employeur a l’obligation légale de le protéger en vertu de la ‘Workers’ Rights Act 2019’. Dommage que nous vivons dans un pays où le goondaïsme est impunément accepté, toléré et minimisé. Cela reflète tristement le pourrissement de nos institutions sous le règne MSM.