Mubarak Sooltangos : « Mettre en place une double politique de change pour relancer nos exportations »

  • « Sur le plan de la bonne gouvernance, il paraît aberrant qu’un ministère puisse faire, de son propre chef, des dépenses additionnelles de Rs 2.5 milliards (20% de son budget total) et demander, à posteriori, une dotation budgétaire, soit l’accord, après coup, de ce qu’il a déjà dépensé sans autorisation. Ce sont des choses inadmissibles dans le secteur privé, surtout lorsqu’on parle de chiffres aussi importants »

Il se montre critique et objectif à la fois. Notre invité de cette semaine, Mubarak Sooltangos, consultant en Marketing et Stratégie, passe en revue la situation économique. Mais d’abord, il précise : « En préambule de cet entretien où je suis susceptible d’être critique envers la politique ou les décisions économiques et financières de l’administration publique, je dois préciser que je n’ai pas d’affiliation politique. Je parle en professionnel de l’économie, des affaires et de la finance et je parle généralement de tous les gouvernements qui se sont succédés depuis 25 ans et qui n’ont pas géré notre économie comme il se doit ». Il tient aussi, dit-il, à faire des propositions concrètes au lieu de se « cantonner dans des généralités ». « Je faillirai à mon devoir de citoyen averti si je demeure dans des sentiers battus qui ne mènent nulle part et si je n’évoque que des problèmes, sans rien proposer », poursuit Mubarak Sooltangos. Le ton est donné…

Q : Un budget supplémentaire colossal de Rs 9, 5 milliards a été adopté au Parlement cette semaine. Des dépenses imprévues peuvent-elles le justifier ou s’agit-il d’un manque de prévoyance du ministère des Finances ? 

Dans ce budget supplémentaire de Rs 9.5 milliards, deux dotations sautent aux yeux : celle de Rs 2.5 milliards au ministère de la Santé et les Rs 5.9 milliards aux « Centrally Managed Initiatives of Governement ». 

J’aimerais provoquer une réflexion sur les Rs 2.5 milliards de la Santé. Le budget de ce ministère, voté pour l’année financière 2021-22, était de Rs 13 milliards. Si l’on présume, hypothétiquement, que de ce budget, les dépenses fixes, notamment celles du personnel, des loyers et de l’électricité s’élèvent à 50 % de ce montant total, cela sous-entendrait que les dépenses en consommables, essentiellement les médicaments et autres fournitures médicales, et d’autres dépenses exceptionnelles sont de l’ordre de Rs 6.5 milliards. Or, les Rs 2.5 milliards demandées représentent près de 40 % d’augmentation sur ces dépenses. Ce qui est ahurissant !

Ces dépenses additionnelles incluent une somme de Rs 1.2 milliard pour des heures supplémentaires et des allocations diverses du personnel liées à la Covid-19. Quand on réalise qu’une partie seulement du personnel du ministère de la Santé a été affectée à la Covid-19, et que le budget supplémentaire, en sus des salaires, demandé pour un seul poste de dépense exceptionnelle représente plus de 9 % du budget total du ministère, on ne peut que déduire qu’il y ait eu abus et absence de contrôle.

Pour le reste, il doit y avoir eu certainement des augmentations massives de consommables, dont des médicaments et d’autres fournitures médicales. Il est surprenant que l’achat de consommables augmente, et on dira que c’est à cause de la Covid-19, oubliant le fait que l’incidence de cette pandémie s’est réduite considérablement depuis une année. Dans ces conditions, le dépassement budgétaire ne peut se justifier que par deux choses. D’abord, des achats intempestifs de médicaments effectués sous le couvert d’‘Emergency Procurement’ et deuxièmement, un gaspillage massif, dont la majeure partie serait due à l’expiration de la date de consommation de ces mêmes médicaments contre la Covid-19 et autres, achetés en quantité bien au-delà de nos besoins réels. 

L’autre demande de Rs 5.9 milliards est destinée aux « Centrally Managed Initiatives of Government » (CMIG). Celles-ci ne sont pas des « Special Purpose Vehicles » (SPV) autonomes, mais des organismes purement gouvernementaux susceptibles de fonctionner dans la même opacité. Ces CMIG opèrent sous un comité de gestion dont, on s’en doute, les décisions sont pour la plupart dictées d’en haut, mais dont les opérations échappent à la rigueur dont est tenu un ministère, de par la loi et ses propres « Regulations ». De ces Rs 5.9 milliards, il y a des dépenses de fonctionnement de Rs 3.1 milliards, dont Rs 2.5 milliards iront au seul « Covid-19 Development Fund ». On se demande quel est l’objet de ce fonds de développement lié à la Covid-19 et pourquoi faut-il que des fonds provisionnés pour construire des drains, selon le ministre des Finances, doivent être gérés hors de la structure centrale du ministère.

Sur le plan de la bonne gouvernance, il paraît aberrant qu’un ministère puisse faire, de son propre chef, des dépenses additionnelles de Rs 2.5 milliards (20% de son budget total) et demander, à posteriori, une dotation budgétaire, soit l’accord, après coup, de ce qu’il a déjà dépensé sans autorisation. Ce sont des choses inadmissibles dans le secteur privé, surtout lorsqu’on parle de chiffres aussi importants. Il aurait été plus sain, de venir, au courant de l’année, avec une, voire deux demandes de prolongement du budget, avant que les dépenses ne soient faites. On est, par la force des choses, contraint de penser que ces dépenses additionnelles n’ont pas été planifiées à l’avance, mais passivement subies, par laxisme. 

Il se pourrait aussi qu’on ait fait usage d’une astuce comptable, notamment en sous-estimant volontairement les dépenses au départ, pour arriver, au total, à un déficit budgétaire présentable à l’opinion publique et au Parlement, pour ensuite demander, à la fin de l’année financière, des budgets additionnels. Dans la réalité des choses, ce budget supplémentaire nous amène à un déficit budgétaire de fait, non pas de 5%, mais de 7% du PIB, à un moment où personne ne songe au déficit de l’année écoulée, mais à celui de l’année financière à venir.

Q : Le ministre Renganaden Padayachy maintient néanmoins que le déficit budgétaire sera de 5% du PIB. Un mirage ? 

Oui et non. OUI, parce que les dépenses vont grimper en raison :

(1) des charges financières accrues dues au service de la dette publique en augmentation ;

(2) du gaspillage gouvernemental devenu chronique ;

(3) des pertes à financer des SPV, surtout le Metro Express Ltd.

Par ailleurs, il y aura primo, la baisse considérable des dividendes attendus de la STC, la BoM et du CEB, et secundo, la taxe corporative n’augmentera pas, malgré le retour aux bénéfices du secteur touristique, en raison des « tax losses » accumulées pendant le confinement. 

NON, parce qu’il y aura :

(1) une économie considérable, de l’ordre de Rs 8 M avec la discontinuation du « Wage Assistance Scheme » (WAS) et du « Self Employed Assistance Scheme » (SEAS), pourvu que le gouvernement ait comptabilisé le WAS comme une dépense effective et non pas comme des prêts, puisque le remboursement, qui dépend des bénéfices futurs des entreprises concernées, est plus qu’aléatoire ;

(2) un accroissement des « Customs » et « Excise Duties » dû à l’augmentation des importations, visible à l’augmentation de notre déficit commercial, alors que nous exportons plus et ;

(3) une augmentation des recettes de la TVA, avec la consommation, et le prix du pétrole qui sont en augmentation palpable.

Q : Le gouvernement poursuit sa politique de transfert des fonds dans des ‘special funds’ alors qu’elle est généralement décriée sur le plan de la bonne gouvernance. Cette pratique peut-elle nous coûter cher ? 

Oui, en raison de l’opacité dans laquelle opèrent ces « special funds » et SPVs. C’est probablement la raison précise de leur création, sous-entendant qu’ils seront les vecteurs de dépenses accrues, et peut-être somptuaires du gouvernement avec un strict minimum de rigueur.

Q : Parallèlement, les réserves de la banque centrale, de la STC et du CEB, entre autres, semblent être à sec, ayant été déviées vers la caisse centrale du gouvernement, pendant que les consommateurs paient les pots cassés. Cela ne sonne-t-il pas le glas de notre économie ? 

Je ne pense pas que, en dehors de la BoM, avec le « Special Budgetary Grant » et les fonds investis dans la MIC, les réserves de la STC et du CEB ont été accaparées par le gouvernement. Ces deux organismes sont vraiment à bout de souffle, l’un par les augmentations de prix des importations, dont la totalité n’a pas été répercutée sur les consommateurs pour des raisons politiques, dont le gros décaissement en faveur de Betamax, et l’autre par l’augmentation du prix de l’huile lourde qui ne s’est pas encore reflétée dans le prix de l’électricité.

Bien au contraire, si l’un ou l’autre avait des réserves considérables, cela voudrait dire qu’ils sont en train d’écorcher les consommateurs par des marges de profit élevées en cette période difficile pour eux.

Q : La Banque centrale fonctionne désormais comme un organe gouvernemental au lieu d’une institution indépendante. N’est-ce pas inquiétant dans un pays qui aspire à devenir un ‘International Financial Centre’ ? 

Oui, c’est très inquiétant qu’elle soit forcée par l’exécutif de faire des choses inadmissibles, comme participer au financement du déficit budgétaire de l’État, non pas par des prêts, mais par une dotation gratuite pure et simple. Par ailleurs, le fait qu’elle ait lancé la « Mauritius Investment Corporation » (MIC), visiblement à la demande du gouvernement, appelle plusieurs commentaires défavorables, à savoir : 

1.      Que c’est une sorte d’étatisation d’une partie de l’activité bancaire commerciale en devenant prêteuse aux acteurs économiques du privé.

2.    Que les fonds engagés, qui étaient supposés venir en aide aux entreprises sinistrées de la Covid-19, et il y en a beaucoup, ont pris d’autres destinations. À ma connaissance, dans cette catégorie, seuls les hôteliers, affectés par le confinement en ont bénéficié.

3.     Que de grosses entreprises de l’industrie cannière ont bénéficié d’une manne en vendant leurs terres à la MIC. Cette manne n’a servi à aucun investissement productif, mais à rembourser leurs dettes auprès des banques importantes et ces milliards de roupies ont servi finalement à « bail out » ces banques qui, autrement, auraient attendu ad vitam eternam pour être remboursées.

4.    Que la MIC se retrouve aujourd’hui propriétaire des terres dont l’utilisation n’est pas du tout définie. Pour les revendre avec un retour sur investissement, il faudrait les développer au coût de milliards de roupies, ce qui va ponctionner davantage la trésorerie de la MIC. Ce qui est pratiquement synonyme de se mettre dans une position de fuite en avant.

Dans une situation de cash-flow difficile, l’État, au lieu de privatiser certains de ses actifs, prend le chemin contraire, via la BoM, pour acheter des actifs du secteur privé. Le signal ainsi lancé aux clients potentiels de notre secteur financier n’est pas pour les rassurer. Par ailleurs, si la BoM ne se plie pas à la quasi-directive du FMI de se désengager de la MIC, cela pourrait avoir des répercussions néfastes sur notre « Credit Rating », car il serait surprenant que des agences de notation comme Moody’s ne prennent pas en compte les recommandations du FMI non suivis d’effet.

Q : Notre économie ne repose plus que sur deux piliers : les services financiers et le tourisme qui remonte difficilement la pente après la Covid-19. Comment sommes-nous arrivés là alors que la diversification est la clé d’une économie vibrante et en bonne santé ?

La quasi-destruction de notre économie, par mauvais calcul dénué de vision à long terme, a débuté il y a 25 ans lorsque la BoM s’est départie de sa politique de roupie faible qui a fait le bonheur de notre économie pendant des décennies. Notre pays a des « weak economic fundamentals » en comparaison avec d’autres pays dans la même ligue, et son salut se trouve dans une monnaie nationale qui se déprécie graduellement.

L’exportation, au niveau macroéconomique, est le nerf de la guerre et il n’est pas fortuit que des pays puissants comme la Chine gardent leur monnaie sous-évaluée pour rendre leurs exportations compétitives. Les USA n’ont aucun contrôle sur la parité de leur dollar, puisque la plus grande partie des dollars en circulation, par des flux commerciaux ou non commerciaux, sont détenus par des acteurs économiques d’autres pays. Ces pays ont la quasi-totalité de leurs réserves en dollars et ils feront tout pour maintenir cette monnaie très haute pour bonifier leurs réserves. Ceci n’aide pas les exportations américaines, mais l’État américain donne des subventions importantes à ses grosses entreprises exportatrices pour faire baisser leurs coûts de production et leur prix de vente afin de booster leurs exportations.

En ce qui concerne Maurice, chaque exportation, dans une situation d’une roupie qui se déprécie, rapporte plus de roupies à nos entreprises exportatrices. C’est ainsi que nos entreprises sucrières et textiles ont pu faire des bénéfices qui leur ont permis non seulement de financer leur croissance, mais de disposer de suffisamment d’excédent pour investir dans l’hôtellerie. Celle-ci, ainsi que nos centrales thermiques du privé sont des purs produits d’une roupie faible.

Depuis 25 ans, nous avons pris le chemin contraire, avec une politique de roupie forte qui a fermé ce robinet de roupies supplémentaires à nos entreprises exportatrices. Il faut se rendre à l’évidence : nous sommes un petit producteur à l’échelle mondiale, avec peu ou presque pas d’économie d’échelle en raison de notre faible volume de production. Par ailleurs, nos entreprises axées sur l’export traitent avec des acheteurs puissants qui dictent leur prix. Dans ces conditions, une entreprise locale ne peut espérer, au mieux, qu’une augmentation de prix de ses acheteurs, tous les deux ans. Dans une situation où, en contrepartie, le coût de ses importations augmente tous les ans, en devises, et la politique de roupie forte que lui procure, d’année en année, les mêmes recettes en roupies, elle est vouée à la faillite à terme, puisque ses frais locaux, notamment ceux du personnel augmentent aussi tous les ans. C’est ce qui s’est produit avec notre industrie textile jadis florissante.

Par ailleurs, notre roupie forte, surévaluée, a favorisé les importations de produits de consommation et des produits durables comme l’ameublement, puisqu’elle maintient le prix des articles importés relativement bas, souvent plus bas que ceux de nos propres industries de substitution d’importations. Nous importons de l’ameublement de la Malaisie et de l’Indonésie. Il ne faut pas oublier que ces pays ont des entreprises d’exportation géantes et qu’ils sont eux-mêmes de gros producteurs de bois. Cela fait double effet : elles bénéficient des prix de matières que nos PME ne peuvent avoir, et en plus, elles jouissent d’énormes économies d’échelle en raison de leur taille. C’est une situation de déséquilibre à laquelle nos PME fabriquant pour le marché local et marginalement, pour l’exportation, n’ont pu faire face et elles ont graduellement disparu, et avec elles, des milliers d’emplois.

Voilà le triste résultat de notre roupie forte qui a tué nos entreprises de textile et de substitution d’import (toutes des PME dans cette deuxième catégorie) presque simultanément. C’est la raison pour laquelle notre économie est passée d’un état diversifié et stable à un modèle à seulement deux pôles de développement, à savoir le tourisme et les services financiers, avec l’extrême vulnérabilité que ceci comporte. La dépréciation post Covid-19 de notre roupie vient aujourd’hui relancer notre industrie touristique, autrement, elle aurait elle aussi disparu pour les mêmes raisons évoquées ci-dessus.

Il y a quelques années, le gouvernement a annoncé l’amorce d’un deuxième miracle économique. C’est du « wishful thinking » dans une situation où nous avions une politique de change diamétralement opposée à celle qui était à la base de notre premier miracle économique dans les années 1980. Une roupie forte favorise l’importation au détriment de la production locale et sclérose nos entreprises exportatrices. Une telle recette, qui explique l’ampleur de notre déficit commercial (hors services), est vouée à la faillite. Cette faillite s’est effectivement produite à la place d’un deuxième miracle économique annoncée comme un vœu pieux, sans se doter des moyens appropriés.

Q : En marge du prochain budget, quel devrait en être, selon vous, les axes stratégiques, à court et à moyen terme, pour d’abord redresser notre économie et ensuite la mettre durablement sur le chemin de la croissance ?

Pour pouvoir appliquer une thérapie à un problème, il faut cerner la racine du mal, sinon on ne peut que procéder par « trial and error », au hasard, et ceci fait perdre du temps et peut engendrer des catastrophes. La racine de notre mal est que la roupie forte nous a poussé à consommer pendant des décennies, jusqu’au point où nous n’arrivons pas à produire assez de revenus pour soutenir notre train de vie. Le problème cerné, nous pouvons maintenant penser à la stratégie à adopter, qui doit comprendre des mesures immédiates pour redresser une barque en perdition, et à moyen terme, pour prendre le chemin de la croissance. 

L’immédiat demande presqu’un traitement de choc. On peut agir immédiatement sur la consommation, alors que les solutions favorisant la croissance prendront du temps, de 6 mois à quelques années pour apporter des résultats. 

Il est urgent de freiner la consommation importée et on devrait essayer des mesures quantitatives, les mesures qualitatives, la dépréciation, presque la dévaluation, de la roupie ayant échoué. On a un mix de mesures plausibles : 

1. Soumettre immédiatement toutes les importations d’articles non-essentiels à l’octroi d’un permis d’importation. L’équivalent en roupies des permis à délivrer doit être dicté par la BoM pour des périodes déterminées en fonction de ses prévisions de rentrées de devises d’exportation, à charge pour le ministère du Commerce de délivrer des permis dans cette limite. 

2. Interdire toute importation d’articles superflus ou pour lesquels il existe des alternatives locales, tels que le sel de table, les fleurs, et divers types de conteneurs en matière plastique, entre autres.

3. Assujettir certains articles haut de gamme à des quotas d’importation, pour s’assurer qu’une limite raisonnable ne soit pas dépassée. Il y aura certes un certain ‘profiteering’ pour des articles en manque, mais c’est un moindre mal. 

4. Pour éviter l’érosion de nos réserves de change, il faut assujettir toute demande de transfert à l’étranger non-représentative d’une transaction commerciale bona fide à une autorisation préalable de la BoM. Cette mesure est destinée à empêcher que l’épargne en roupies ne prenne le chemin de l’exode en devises. Si les détenteurs de dépôts en roupies veulent se prémunir contre d’autres dépréciations de notre roupie, ils peuvent les convertir en devises en compte ouvert chez les banques locales, mais pas les transférer à l’étranger.

Pour la relance des exportations, en leur donnant une compétitivité prix, il faut mettre en place une double politique de change. Ceci peut se faire en donnant aux entreprises exportatrices, 5 à 7 % plus de roupies pour leurs dollars, le reste de l’économie restant tributaire de la réelle valeur du dollar dicté par le marché des changes. C’est la BoM qui supportera la perte dans le taux préférentiel accordé aux exportateurs. Mais une vision globale de l’économie nous révélera que la BoM serait gagnante sur le plan des rentrées de devises parce que les exportations du pays auront été boostées par la compétitivité de nos produits exportées. Par ailleurs, le ministère des Finances sera gagnant sur le plan de la « Corporate Tax » par les profits additionnels engrangés par les compagnies exportatrices. L’économie sera gagnante grâce à la croissance du PIB et à la création d’emplois. 

À moyen terme, il faut soutenir, voire subventionner, toutes nos industries substitutives d’importations pour rééquilibrer notre balance commerciale hautement déficitaire. Un exemple : subventionner les centrales thermiques d’électricité utilisant la bagasse, qui n’occasionne aucune sortie de devises. S’il y a pénurie de bagasse, il faudra encourager la production et l’utilisation d’autres types de combustibles locaux, par exemple le ‘Megathyrsus Maximus’, communément appelé le « Guinea grass » et à Maurice, le fatac. Classifié comme une herbe, il demande très peu d’eau et de soins, et pousse tellement vite qu’il est considéré comme une herbe invasive dans plusieurs pays. Il résiste à la sécheresse et même aux feux de brousse. Additionnellement, on peut envisager la culture de l’acacia qui pousse tout seul à Maurice.  

Les gens à vision limitée penseront que la subvention à accorder sur ces cultures sera un poids financier trop important à supporter, mais ceux qui pensent globalement verront l’économie de devises qui pourrait être réalisée par ailleurs, en important moins de charbon et d’huile lourde pour les autres producteurs d’électricité. Les intelligents verront que la subvention à accorder sera en roupies alors que l’économie réalisée en important moins de combustibles fossiles sera en devises sonnantes et trébuchantes, sans compter l’économie de pollution dont nous serons gratifiés.