- Cet agent du MSM, connu comme le bras droit de Me Raouf Gulbul, avait été traité de « corrupt counsel » par Paul Lam Shang Leen durant les travaux de la commission d’enquête sur la drogue
C’est Me Athon Murday, avocat, que le Premier ministre propose de nommer comme membre de la ‘National Preventive Mechanism Division’, une instance de la ‘National Human Rights Commission’ (NHRC). Cela fait suite au départ de Namrata Gaya-Teeluckdharry le 21 février dernier.
La ‘Protection of Human Rights Act’ prévoit en effet que c’est le Président de la République qui nomme les membres des différentes divisions de la NHRC, sur les conseils du Premier ministre, après consultation avec le leader de l’Opposition. Pravind Jugnauth a ainsi proposé Athon Murday comme membre dans une lettre adressée au leader de l’Opposition en date du 23 mai 2022. À vendredi, ce dernier n’avait pas encore fait connaître sa réponse, étant actuellement aux Émirats arabes unis . Dans son entourage toutefois, l’on affirme qu’il ne s’aligne pas sur la décision du Premier ministre, la personne choisie étant de nature « controversable ».
Le choix du Premier ministre est toutefois contesté. Me Athon Murday, rappelons-le, avait laissé quelques plumes devant la commission d’enquête sur la drogue, où il s’était à plusieurs reprises emmêlé les pinceaux. Il y avait été entendu sur la fameuse rencontre à Saint Pierre le 24 novembre 2014 où il était question d’une forte somme d’argent, plus précisément de Rs 9 millions, destinée, selon certaines allégations, à financer la campagne électorale du gouvernement au no. 3. Il était alors agent et chauffeur de Raouf Gulbul, candidat battu du MSM dans cette même circonscription. Il travaillait également à l’étude de ce dernier.
Athon Murday n’était pas cité dans le rapport final de la commission d’enquête, mais l’on se souviendra qu’il avait été traité de « corrupt counsel » par le président de cette instance, l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, durant son audition. Une accusation qui lui reste toujours collé à la peau. C’est d’ailleurs l’argument principal avancé par ceux qui voient le choix du Premier ministre d’un mauvais œil. Un récent jugement où l’avocat Athon Murday aurait été sévèrement critiqué par le magistrat est aussi mis en avant pour contester cette sélection.
Certains observateurs soutiennent qu’il est dans l’habitude du gouvernement de nommer des agents politiques à des postes stratégiques, histoire de mettre le grappin sur toutes les institutions du pays pour mieux les contrôler à sa guise. Athon Murday, dit-on ainsi, est le bras droit de Raouf Gulbul, qui évolue dans le giron du MSM.
Agent politique et cover-up
Sanjeev Teeluckdharry, avocat et ancien membre du gouvernement MSM, ne semble d’ailleurs pas étonné de l’annonce de cette probable nomination en remplacement de son épouse, Namrata Gaya-Teeluckdharry. Celle-ci, précise-t-il, et quelques autres hommes de loi qui ont travaillé à la NHRC ont fait de leur mieux pour s’acquitter de leur tâche honorablement. Mais il est difficile, voire impossible, de faire bouger les choses quand les ficelles sont tirées ailleurs.
Sanjeev Teeluckdharry affirme que la ‘National Human Rights Commission’ est connue comme étant une « cover-up machine ». « J’ai été le tout premier avocat à avoir porté une affaire, liée à la mort d’un dénommé Victorine en cellule policière en 2001, devant cette instance. Je sais donc de quoi je parle. Que ce soit dans l’affaire Gaiqui, Permès ou Seetul, entre autres, il y a toujours eu de cover-up », soutient l’avocat. Et d’ajouter que cette éventuelle nomination vise à « donne li (ndlr : Murday) ene décoration pou pousse la poussière sous tapis ».
