Osman Mahomed : « Que le PM ‘walk the talk’ concernant la situation de la drogue ! »

Il se dit interpellé par la situation de la drogue, mais aussi par l’allocation des terrains à bail, la politique de logement social, et de gaspillages des fonds publics, entre autres. Osman Mahomed, député travailliste au no. 2, fait un rapide survol de la situation…

Zahirah RADHA

Q : Le Speaker a promis de faire une déclaration sur ses voyages officiels à l’étranger, suivant la fin de non-recevoir qu’il a donnée à votre question parlementaire à ce sujet. Croyez-vous en sa bonne foi ?

Il a promis de le faire et j’espère sincèrement qu’il tienne parole au Parlement, ce mardi ! Il s’agit, après tout, de l’utilisation des fonds publics, et rien que pour cela, la transparence doit primer. Le Premier ministre, qui s’est dit « démocrate » et « transparent » lors de son discours du 1er Mai 2023 à Vacoas, est tout aussi ‘answerable’, puisque c’est lui qui approuve les missions du Speaker. La question relève donc de sa ‘jurisdiction’, et il est, par conséquent, redevable envers le Parlement à ce sujet.

Q : Ne craignez-vous pas que le Speaker ne fasse montre d’une certaine animosité à votre égard à la suite de cette affaire ?

Étonnamment, l’atmosphère au Parlement ce jour-là était plutôt bon enfant, le Speaker étant même allé jusqu’à tenir des mots flatteurs envers plusieurs élus de l’Opposition. Ce qui est plutôt rarissime.

Q : Vous prévoyez d’interpeller, ce mardi, le Premier ministre sur la vente libre de drogue dans votre circonscription, suivant les dénonciations faites par Zayd Imamane lors de son discours à l’occasion de la fête Eid. Le problème s’est-il autant aggravé ?

Je dois vous dire que j’ai eu l’occasion d’écouter ce discours pertinent en ‘live and direct’, étant présent sur le terrain de foot de Surtee Soonee à Vallée-Pitôt pour la prière de l’Eid-Ul-Fitr. Je n’ai pas pu rester insensible face à ce cri du cœur, d’autant que c’est un fléau qui continue à prendre de l’ampleur et qui affecte beaucoup de foyers, non seulement dans ma circonscription, mais aussi à travers le pays.

Pour revenir à Vallée-Pitôt, comme spécifiquement mentionné dans ma PQ adressée au Premier ministre, il faut bien se demander : combien de ces « marchands de la mort » de la circonscription ont-ils été condamnés durant ces dernières années, alors que notre jeunesse et toute une génération est en péril ? Je suis très préoccupé par ce problème. Il faut que je précise que ce n’est ni ma première intervention sur la drogue, ni ma dernière.

Je tiens d’ailleurs à saluer les positions prises par le cardinal Maurice Piat et le vicaire général Jean-Maurice Labour, qui sont également montés au créneau pour dénoncer ce problème majeur que le gouvernement n’arrive pas à régler, malgré toutes les fausses prétentions.  

Q : Fausses prétentions, dites-vous ! Qu’attendez-vous donc du Premier ministre sur ce dossier ?

La situation a drastiquement empiré depuis 2015, avec l’explosion de la vente de la drogue synthétique sur le marché. J’attends que, suite à son discours auto-flatteur du 1er Mai sur le problématique de la drogue, le Premier ministre joigne l’utile à l’agréable et qu’il fasse de sorte de « walk the talk ». Les beaux discours ne servent à rien s’ils ne sont pas suivis d’actions concrètes.

Q : Vous avez déjà été officier au ministère des Terres et du logement. L’allocation des terrains pour des projets de développement sous le présent gouvernement vous interpelle-t-elle ?

Oui, effectivement, et sur plusieurs aspects.

Q : Lesquels ?

D’abord, sur la vente des terrains résidentiels pour les ex-CHA et autres détenteurs de baux résidentiels. Comme vous le savez pertinemment bien, c’est l’amendement de la section 5 de la ‘State Land Act’ en mars de 2007 qui a permis cette belle histoire de démocratisation à l’accès des terrains résidentiels aux Mauriciens.

En effet, cet amendement historique fait sous le gouvernement de Navin Ramgoolam alors que j’étais moi-même officier au ministère des Terres, a permis à des milliers de familles de devenir propriétaires des lopins de terrain de l’État sur lesquels étaient construits leurs maisons à seulement Rs 2000 le lot, et ce jusqu’à l’arrivée du gouvernement MSM.

J’ai interpellé le ministre des Terres, Steven Obeegadoo, sur les difficultés auxquelles font face mes mandants et autres Mauriciens pour finaliser leurs dossiers d’achat. Ce qui était jadis facile est maintenant devenu un parcours du combattant, je dois le dire. Par contre, en ce qu’il s’agit de la transaction de terrains relatifs aux proches du pouvoir, cela se passe comme une lettre à la poste.

Q : Vous pensez que tel est aussi le cas concernant l’échange de terrain du Centre Culturel Tamoul au Réduit Triangle ?

Oui, certainement ! Je salue le combat que mène Devarajen Kanaksabee, que je connais, ainsi que d’autres protagonistes du mouvement contestataire, pour protester contre cette décision injuste.

Q : La politique gouvernementale du logement social est également souvent l’objet de critiques. Pourquoi ?

Ce gouvernement n’a pas de politique cohérente pour le logement social, hormis leur slogan creux de 12 000 logements qui ont maintenant été réduits à 8 000 seulement. Concrètement, il n’y a eu, jusqu’ici, que la création d’un ‘Special Purpose Vehicle’ (SPV), nommément la ‘New Social Living Development Ltd’ (NLSD).

Celle-ci n’a fait que caser des proches du pouvoir, et ne connait rien dans le domaine du logement. Des consultants ont été recrutés à coup de milliard de roupies, pour finalement concevoir des unités de logements dites « sociaux », mais qui vont coûter Rs 5 millions l’unité. Pire, tout cela a déjà coûté plus d’un demi-milliard de roupies, avant même le premier coup de pioche. Ce qui m’a poussé à demander à Steven Obeegadoo, récemment au Parlement, s’il ne considérait pas cela comme un échec total ? Sa réponse nonchalante m’a surpris, et je ne pense pas être le seul !

Ce gouvernement gaspille l’argent des contribuables, « as if there is no tomorrow ». Je ne veux pas être méchant, mais j’insiste que Steven Obeegadoo a été, jusqu’à présent, un très mauvais ministre du Logement. Il me semble qu’il ne sait pas où commencer et où finir, surtout avec cette mauvaise idée de faire des ‘advanced payments’ de 25% aux contracteurs sélectionnés sans appel d’offres pour la construction des 8 000 unités de logements à Rs 2.7 millions l’unité. Cela fera d’ailleurs l’objet d’une de mes questions parlementaires qui seront à l’agenda ce mardi. Le gouvernement se dirige vers un désordre contractuel sans précédent.

Si Steven Obeegadoo m’avait écouté en 2021, il n’y aurait pas eu, aujourd’hui, autant de gaspillage de temps et d’argent.

Q : Vous avez fait servir une mise en demeure à votre ancien ‘Constituency Clerk’, Sheik Mukhtar Hossenbocus, suivant la déposition inattendue qu’il avait auparavant faite contre vous. Comment en êtes-vous arrivés là ?

Suite aux poursuites au civil pour diffamation que j’ai entamées contre lui cette semaine, l’affaire est maintenant entre les mains de la justice, et est donc ‘subjudice’. Je me retiens donc à faire des commentaires. Mais, c’est une affaire que je prends très au sérieux et pour laquelle j’irai jusqu’au bout. Je le verrai très bientôt en cour.

Q : Vous ne vous laissez donc pas intimider par ses manœuvres ?

Certainement pas ! Comme je l’ai dit, je ne compte pas me laisser faire. La vérité triomphera. Entretemps, je poursuis mon travail sur le terrain et au Parlement, entre autres. Il y a un énorme travail à faire, d’autant que ce gouvernement a fait beaucoup de tort au pays, aux Mauriciens, et à la génération future.

Je suis, en passant, reconnaissant envers les dirigeants et les membres des mosquées, ainsi que les habitants des différentes régions de l’île pour l’accueil cordial que j’ai reçu pendant le Ramadan. J’apprécie leur franc-parler quant à leurs préoccupations sur les sujets d’actualités locales et internationales.