Promesses d’emplois, de projets et de patentes de taxi à Chemin Grenier à deux semaines des élections villageoises : Alan Ganoo pris en flagrant délit de bribe électoral

Il a plu des promesses à Chemin Grenier cette semaine. Des promesses qui ressemblent étrangement à des bribes électoraux, d’autant qu’elles ont été faites dans un village et en pleine campagne électorale en marge des élections villageoises. De plus, elles sont soutenues par une consigne bien précise : celle de voter pour un parti proche du gouvernement. Alan Ganoo a-t-il été pris en flagrant délit de commettre un bribe électoral ? Oui, nous répondent des professionnels en droits, dont Rajen Narsinghen, Shakeel Mohamed et Dev Hurnam.

 

Le ministre du Transport, Alan Ganoo, ne s’est pas fait prier pour se mouiller à la campagne électorale des élections villageoises. Prenant la parole lors d’un meeting récemment, il s’est livré à un véritable exercice de séduction en faveur du Parti Socialiste de Chemin Grenier, dont l’emblème est le parasol. « Nou pe met bane abri-bus. Nou pou contigne améliore la situation. Zot vote ene lekip pros are gouvernement parski li pou facilite développement dans Chemin Grenier et zotte pou gagne l’occasion pou régler zot problèmes. Travail, l’emplois pou commence créer la. Mo mem la, gueter dan lagazet samedi, 100 dimounes CNT pe prend. 50 contrôleurs, 50 chauffeurs avec ene dé bane ti mécaniciens. Patentes taxis pe larguer dans tou bane grands villages dans deux trois semaines », a lancé le ministre en précisant que « c’est pas ene bribe électorale sa. Tou sa ti décide pou fer avant bane élections villaz largué. Et dans bane lezot ministères kuma mone dire ou, ene paké projets pe vini ». Et d’enfoncer le clou : « Si ou met ene lekip l’opposition, ki l’avancement ou pou gagner ? ».

Ces promesses, si elles avaient été faites durant la campagne des élections municipales ou générales, auraient provoqué l’indignation. Elles ne le sont pas moins quand elles sont faites lors des élections villageoises pour tenter d’influencer le vote des villageois. Interrogé par la presse vendredi, Alan Ganoo a tenté de minimiser l’affaire en prétextant qu’il était dans sa circonscription et qu’il parlait des projets gouvernementaux. Or, cette liste de projets et réalisations dont il a énuméré durant son intervention était accompagnée d’une consigne de vote claire et nette. Ce qui pourrait alors être perçu comme étant un bribe électoral. Alan Ganoo a-t-il enfreint la section 64 de la « People’s of Representation Act » ? Rajen Narsinghen est catégorique. « Du moment qu’une élection a été déclarée, personne ne peut directement ou indirectement faire des promesses ». Il cite, à cet effet, le jugement rendu par le Privy Council dans l’affaire opposant Ashock Jugnauth à Raj Ringadoo. « Ce qu’a fait Alan Ganoo est très grave », dit-il.

Le député Shakeel Mohamed va encore plus loin. « Ce n’est rien d’autre qu’un bribe électoral. Pourquoi a-t-il fait ces promesses dans cet endroit et en demandant de voter pour un parti proche du gouvernement ? Ce n’est pas parce qu’il dit que ce n’est pas un bribe électoral que ce n’en est pas un. L’Electoral Supervisory Commission (ESC) aurait dû s’y intéresser, mais je ne pense pas qu’elle le fera », poursuit-il. Dev Hurnam souligne, pour sa part, qu’une enquête criminelle pourrait être logée contre Alan Ganoo. Il suffit qu’un candidat à ces élections villageoises porte plainte contre lui pour ‘bribery’. La vidéo où le ministre est vu faisant ces promesses doit également être envoyée à la commission électorale. « Je n’ai pas de doute que la vidéo est recevable », poursuit Dev Hurnam en faisant également référence au jugement du Privy Council dans l’affaire Ashock Jugnauth.

Les opposants du Mouvement Socialiste de Chemin Grenier viendront-ils de l’avant pour loger une plainte contre le ministre Alan Ganoo ? La loi et les principes démocratiques peuvent-ils être bafoués quand il s’agit des membres du gouvernement ? Les instances régulatrices veillent-elles au grain ou verrons-nous le jeu démocratique encore une fois bafoué, comme on en a vu lors des dernières élections générales ?