Quelle sanction pour Anil Gayan pour avoir fait fi des directives du Premier ministre ?

Salaire mirobolant de Vijaya Sumputh

  • Casse-tête chinois pour le DPM : rester au gouvernement ou démissionner si Gayan est révoqué

Quel sort sera-t-il réservé à Anil Gayan ? La question est actuellement sur toutes les lèvres depuis qu’il a été indirectement désavoué par le Premier ministre, mais aussi par son leader, Ivan Collendavelloo. Sans compter que c’est un de ses amis de parti, soit Anwar Husnoo, qui a levé le lièvre sur le salaire exagéré de Vijaya Sumputh au Trust Fund for Specialised Medical Care.

 

Il est sorti du Bâtiment du Trésor, vendredi, avec une mine déconfite. L’ancien ministre de la Santé, Anil Gayan, aurait vraisemblablement passé un sale quart d’heure au Conseil des ministres où la décision a été prise de nommer l’Acting Assistant Solicitor General Lutchmeeparsad Aujayeb à la tête du comité d’enquête qui a été institué pour faire la lumière sur le renouvellement du contrat de l’ancienne directrice du Trust Fund for Specialized Medical Care sous de nouvelles conditions. Cette décision figurait même en tête de liste des délibérations du cabinet ministériel. Ce qui sonnerait déjà le glas pour Anil Gayan puisque c’est lui qui avait autorisé les nouveaux ‘terms and conditions’ de Vijaya Sumputh, dont il est très proche, avant la constitution du nouveau gouvernement de Pravind Jugnauth en janvier dernier. Officiellement, le cabinet attendra les conclusions de l’enquête menée par Lutchmeeparsad Aujayeb avant de décider du sort d’Anil Gayan. Dans les coulisses toutefois, certains soutiennent d’ores et déjà que les carottes sont cuites pour Anil Gayan. Le choix de l’ancien Senior Magistrate Aujayeb, connu surtout pour sa rigueur et sa sévérité, pour présider ce comité d’enquête ne serait pas un hasard. « The writings are on the wall. Le gouvernement le pousse clairement à la porte de sortie »,  dit-on à l’Hôtel du gouvernement.

Alors qu’Anil Gayan s’attendait à avoir le soutien de ses collègues du cabinet, ces derniers se seraient complètement désolidarisés de lui. Après le ministre Husnoo, qui a tout déballé à l’Assemblée nationale, c’était au tour du Premier ministre, Pravind Jugnauth, lui-même de le désavouer publiquement en disant son étonnement quant au montant du salaire perçu par la protégée de l’ancien ministre de la Santé. Tout comme Ivan Collendavelloo d’ailleurs. Pour une fois et avec raison cette fois-ci, le Deputy Prime Minister (DPM) et leader du Muvman Liberater (ML) n’a pas jugé bon de défendre l’ancienne directrice du Cardiac Centre, qui est pourtant membre de son parti. Du coup, Anil Gayan se retrouve seul avec Vijaya Sumputh d’un côté tandis que les autres membres du gouvernement sont de l’autre. Ce qui ne l’aurait toutefois pas empêché de la défendre bec et ongles au cabinet vendredi.

 

Frictions antérieures

La démarche du ministre du Tourisme est cependant vue d’un mauvais œil, surtout par le MSM. D’autant qu’il n’aurait pas respecté les directives du Premier ministre. Ce qui a, bien entendu, provoqué le courroux de ce dernier. Et la sanction, dit-on, viendra après les conclusions de l’enquête. Il faut savoir qu’il y avait déjà une animosité entre le MSM et le tandem Gayan-Sumputh depuis belle lurette. L’affront public qu’Anil Gayan avait fait au MSM, en particulier à Pravind Jugnauth, en décembre 2005 remonte ainsi à la surface. Gayan s’en était pris à la direction du MSM pour avoir daigné révoquer Vijaya Sumputh du parti pour indiscipline. Fidèle à ses habitudes, il avait pris fait et cause pour son amie. Un épisode qui s’était soldé par son expulsion du MSM. Les attaques personnelles contre Pravind Jugnauth d’une part, et le tandem Gayan-Sumputh de l’autre, avaient alors volé très bas. Bien qu’Anil Gayan n’ait pas encore sorti publiquement ses griffes contre la position du gouvernement par rapport à l’affaire Sumputh, certains affirment qu’il ne tarderait pas à le faire. Ce qui risquerait alors d’éclabousser davantage l’image du gouvernement. D’où la décision du Premier ministre d’instituer illico presto une enquête sur toute l’affaire.

Selon nos informations, le Deputy Prime Minister (DPM), Ivan Collendavelloo, se retrouverait dans une situation des plus embarrassantes étant donné que les deux protagonistes sont issus de son parti. Dans l’éventualité qu’Anil Gayan soit révoqué du gouvernement, choisira-t-il de rester au gouvernement ou bien désertera-t-il le navire en guise de solidarité envers les membres de son parti ? Une question qui relèverait d’un casse-tête chinois pour Ivan Collendavelloo. Son next move sera suivi de près par le MSM, d’autant que ses prises de position sur l’affaire Alvaro Sobrinho et sa rencontre avec celui-ci avaient été vivement critiqués par certains de ses collègues du gouvernement. La réunion du ML, prévue pour demain, est ainsi très attendue car elle permettra à son allié d’y voir un peu plus clair.