Tout le monde ayant le moindre sens d’observation, d’objectivité et de jugeote savait depuis juillet dernier, et même avant, que Steve Obeegadoo, malgré ses nobles intentions, mentait effrontément en prétendant que Maurice était « relatively Covid-safe ». Il avait dû oublier qu’avec la connectivité, la communication et les technologies, le monde n’est qu’un village global où tout se sait en une question de minutes ou d’heures. Il était donc présomptueux d’assumer que la communauté internationale continuerait à mordre à l’hameçon de mauvais goût du ‘Deputy Prime Minister’. Le couperet est tombé en début de semaine quand on s’est vu balancer à la figure la classification de Maurice sur la liste rouge de l’agence américaine ‘Centers for Disease Control and Prevention’ (CDC).
Celle-ci perçoit notre pays comme comportant des risques élevés de Covid-19 et déconseille aux visiteurs de voyager à Maurice. Pile au moment où une délégation du GAFI est à Maurice pour des inspections visant à nous enlever de sa liste grise. Et pile au moment de l’ouverture imminente de nos frontières. Une mauvaise nouvelle qui a été largement répercutée par la presse internationale, nous donnant, dans la foulée, une indication inquiétante que la bouffée d’air attendue sur le plan économique ne sera pas de sitôt. Bien qu’on ne le souhaite pas, et quoiqu’en pense le gouvernement qui dénonce tièdement la position du CDC, tout indique que le pays restera encore à genoux tant que la gestion de la crise sanitaire ne soit pas revue, tant on a vu une multiplication des gaffes, des « trial by error » et des incohérences en matière de protocole.
Cela sert à quoi d’avoir coupé le pays du reste du monde pendant plus d’un an si l’explosion de cas n’a pu être contrôlée ? Le relâchement des gestes barrières n’est pas le seul responsable de cette hausse de cas de contamination. Car à cela, il faut aussi ajouter le relâchement au niveau du protocole gouvernemental au fur et à mesure que progressait la campagne de vaccination. Il faudra que quelqu’un au gouvernement nous explique pourquoi ce dernier s’obstine insensément à poursuivre sa campagne de vaccination sans qu’une étude ne soit faite sur l’efficacité des vaccins utilisés chez nous jusqu’ici. Foncer tête baissée dans une voie incertaine au lieu de se laisser guider par des données scientifiques précises relève de la stupidité et nous mènera nulle part dans notre combat contre la Covid-19.
Avant même qu’on n’atteigne le « herd immunity », des « sample testing » d’anticorps présents chez les vaccinés auraient dû être réalisés. Ce qui nous aurait permis de voir si nous allons dans la bonne direction ou pas. Surtout quand il y a des interrogations sur l’efficacité du Covaxin et du Sinopharm. Comment savoir si les vaccins indien et chinois ont réellement une efficacité réduite, si ce n’est de faire un relevé parmi les vaccinés du Covaxin et du Sinopharm ? Est-ce une des raisons derrière l’augmentation du nombre de cas d’infection chez nous, sachant que le vaccin chinois a été grandement utilisé pour inoculer la population mauricienne ?
Aussi, pourquoi le gouvernement ne songe-t-il pas à augmenter l’immunité des personnes ayant des comorbidités, donc plus à risque comme le prouve le nombre de décès parmi cette catégorie de patients, en leur administrant une « booster dose » avec le Pfizer qui débarquera prochainement chez nous au lieu de le réserver pour les adolescents moins à risque de contamination sévère ? Pourquoi s’embusquer dans une vaccination massive mais inefficace tandis que la logique veut qu’on protège ceux qui sont plus vulnérables ? Pour quelles raisons offre-t-on désormais le traitement de la Covid-19 dans les hôpitaux régionaux sans qu’un plan pour sa mise en application ne soit élaboré ou expliqué afin de ne pas distiller la peur parmi le personnel soignant et les patients alors qu’il aurait été plus judicieux de dédier des centres spécifiques pour la prise en charge des personnes contaminées, évitant ainsi un pêle-mêle des patients positifs et négatifs résultant en une hausse de contamination ?
L’ouverture de nos frontières est une nécessité et non pas un choix, l’a dit Steve Obeegadoo. Soit. Mais son succès, ou pas, reposera sur la gestion de la crise sanitaire. Le gouvernement repensera-t-il son protocole pour le rendre plus cohérent et efficace ou continuera-t-il avec ses incohérences et ses contradictions ?