Sniffgate : Lakwizinn en feu Trahison confirmée !

  • Une « data capture » illégale commise au profit d’un pays étranger

Peut-on encore avoir des doutes sur ce qui s’est passé à la station de Baie Jacotet le 15 avril 2022 après les révélations de notre confrère TéléPlus, vendredi ? La réponse est un NON catégorique. Il s’avère maintenant qu’il y a bel et bien eu « data capture » lors de cette intervention longue de six heures effectuée par l’équipe de techniciens indiens. Ces derniers étaient accompagnés de deux cadres de Mauritius Telecom, dont Girish Guddoy, et le responsable de la ‘Counter Terrorism Unit’ (CTU) du PMO, Lilram Deeal. Sunday Times avait d’ailleurs révélé certains détails précis relatifs à cette intervention physique dans sa livraison du 17 juillet 2022. Des informations qui ont d’ailleurs été confirmées durant l’émission de nos confrères de la rue Labourdonnais en fin de semaine.

C’est le rapport de l’ex-CTO de Mauritius Telecom qui a mis le feu aux poudres. Dans cette communication interne destinée à l’Acting CEO, Michel Legland, le 12 juillet 2022, Girish Guddoy est revenu sur la chronologie menant à la visite du 15 avril 2022 à la station de Baie Jacotet. Il soutient ainsi qu’il avait été appelé par Sherry Singh le 14 avril dernier à assister à une réunion où étaient présents deux autres personnes : un étranger qu’il ne connaissait pas et I. Deeal de la CTU. Il confirme ainsi ce qu’avait auparavant dit Sherry Singh. Interrogé par l’ex-CEO de MT, le technicien indien a expliqué qu’il voulait faire un « survey » sur la nature du trafic internet, poursuit G. Guddoy dans ce rapport. Or, nous savons maintenant, au vu des correspondances échangées entre le PMO et Sherry Singh les 21 octobre, 22 décembre et 24 décembre 2021, qu’il n’a jamais été question de « survey » lors de ces échanges.

Ce n’est qu’après la réponse de Girish Guddoy à l’effet que le « traffix mix is same as everywhere else in the world » que le technicien indien, référé comme « the foreigner » dans le rapport, a fait part de son objectif réel. « The foreigner then said that he wanted to capture a two-minute sample of our internet traffic at BJCLS », souligne l’ex-CTO. Ce à quoi a refusé Sherry Singh. Mais le lendemain, il devait recevoir un autre appel de ce dernier lui disant que le « survey » dont il était question la veille doit être effectué. « On site, the Indian team was given access to the equipment for the survey. The survey was carried using their tools whereby they connected to several Internet links that we have on the SAFE cable and they did a two-minute data capture on each of those links », précise-t-il, en ajoutant que « once the data capture was done, the tools used were removed ».

Ce rapport est jugé crucial dans toute cette affaire car il confirme les allégations de Sherry Singh. D’autant que cette interception des données était illégale, n’ayant pas obtenu au préalable le feu vert du consortium SAFE. Les critiques contre le Premier ministre fusent de toutes parts, d’autant qu’il s’avère désormais qu’il a permis à une ‘third party’ d’avoir accès à nos données. D’où les allégations de haute trahison. Or, des membres du gouvernement s’évertuent, depuis hier, à rejeter la gravité du contenu de ce rapport, en soutenant que c’est « ene simple boute papier ». 

Tentative de cover-up

Y a-t-il eu une tentative de cover-up dans cette affaire ? Tout indique que tel est effectivement le cas. Car le rapport daté du 12 juillet 2022 de l’ex-CTO de MT n’a jamais été cité par le Premier ministre au Parlement. Pravind Jugnauth a plutôt fait mention d’une lettre en date du 2 juillet 2022 où il était dit que « we all left the place at around 19h15 without any sniffing or other equipment being installed thereat ». Cette lettre que le CTO aurait été appelé à signer sous pression faisait aussi état que « as the CTO of MT, I am not aware of any sniffing tool project whatsoever that is going to be installed in MT premise ».

Or selon l’Opposition, Girish Guddoy aurait subi des pressions pour qu’il signe cette lettre du 2 juillet 2022 pour dédouaner le Premier ministre. Il aurait d’ailleurs été convoqué à quatre reprises au PMO dans le sillage de cet exercice de cover-up. Le Premier ministre est d’ailleurs accusé par le leader de l’Opposition, Xavier Duval, d’avoir menti au Parlement.

Lakwizinn en branle-bas

Un véritable malaise s’est installé à l’Hôtel du gouvernement depuis vendredi. Si certains, à l’instar de Deepak Balgobin et de Bobby Hurreeram, persistent à défendre le Premier ministre, d’autres se montrent plus prudents. Kalpana Koonjoo-Shah, nouvelle aboyeuse du gouvernement, a, elle, tout bonnement disparu de la scène après avoir été huée en public lors du concert bollywoodien à Côte d’Or, vendredi soir. À hier, les noms d’au moins quatre ministres étaient cités comme d’éventuels démissionnaires alors que certains députés cachent à peine leur embarras.

Lakwizinn, semble-t-il, remue ciel et terre pour discréditer Sherry Singh. « Atan zot pou trouvé », insistent ceux qui tentent à tout prix de s’accrocher au pouvoir, en se faisant l’écho du Premier ministre. Deepak Balgobin a même laissé entrevoir un aperçu de l’arme qui sera utilisée contre l’ex-Top chef de Lakwizinn lors de la conférence de presse du gouvernement hier, en évoquant une « backdoor entry » à certains proches de Sherry Singh. Allusion faite à l’affaire Huawei. Mais l’arsenal de répression que le gouvernement envisage d’utiliser contre son détracteur suffira-t-il pour contenir le mécontentement grandissant parmi la population ?