Trafic d’enfant allégué : « L’enfant n’a jamais été vendu mais adopté », selon la mère

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C’est une affaire qui a choqué le pays. Une femme de 31 ans aurait ‘vendu’ son bébé de sexe masculin à une autre femme pour la somme de Rs 5 000. L’affaire est entre les mains de la police, tandis que les protagonistes maintiennent qu’il s’agirait là d’une adoption, et que les procédures ont déjà été enclenchées en ce sens.

Cette affaire a été rapportée aux Casernes centrales mercredi dernier par la Child Development Unit (CDU). L’enfant a été prise en charge par la CDU. Vendredi, trois femmes ont été entendues par la police. Il s’agit de la mère biologique, de la mère ‘adoptive’ et d’une autre femme qui aurait agi comme ‘intermédiaire’ entre les deux. Les trois femmes sont catégoriques : il n’a jamais été question de la ‘vente’ du bébé. Elles ont été autorisées à repartir.

Jenny (prénom fictif), la mère du bébé que nous avons rencontrée, est formelle : elle réitère qu’il n’a jamais été question de la vente de son bébé. Selon elle, elle aurait seulement remis son enfant à une femme qui voulait l’adopter, et que d’ailleurs, les procédures d’adoption ont déjà été enclenchées. Elle maintient que c’est pour le bien-être de l’enfant qu’elle l’a remis à cette femme.

Plâtre au pied, elle avait du mal à se déplacer. Cela fait plus de trois mois que cette jeune femme vit avec le pied emplâtré, séquelle d’un accident de la route. Elle avait d’ailleurs accouché dans ces conditions. Elle nous explique dans quelles circonstances, en mars dernier, elle a remis son bébé à Rukayyah.

« La dame était venue me voir à l’hôpital alors que j’étais enceinte. Elle m’a dit qu’elle voulait adopter l’enfant. Vu que je vivais dans des conditions difficiles, j’ais accepté », explique-t-elle.

Dès qu’elle a accouché le 23 mars, elle a remis l’enfant à la mère adoptive, dans l’enceinte même de l’hôpital Dr. Jeetoo. « Je faisais face à une situation bien difficile. Quand la dame est venue me voir, elle m’avait remis Rs 5 000 pour que je puisse payer le loyer et acheter de la nourriture.  Je ne comprends pourquoi on m’accuse d’avoir vendu mon enfant contre de l’argent. Ou trouve kapav vend zenfant ? », se défend-t-elle.

De son propre gré, la mère ‘adoptive’ du bébé, que nous surnommons Meera (prénom fictif), s’est rendue au bureau de la CDU lundi dernier. Cette habitante de la capitale a expliqué aux officiers de la CDU qu’elle a fait la connaissance de Jenny en mars dernier à l’hôpital Dr. Jeetoo, alors qu’elle était enceinte. Après avoir accouché, et après avoir été autorisée à quitter l’hôpital, Jenny lui aurait volontairement remis son bébé, dans l’enceinte même de l’hôpital. Elle aurait remis une somme de Rs 5 000 à Jenny « sur une base humanitaire », qui était apparemment dans une situation précaire. Depuis, elle a entamé les procédures pour l’adoption de l’enfant.

Toutefois, elle a été choquée quand les officiers de la CDU lui ont demandé de leur remettre l’enfant.  Ces derniers soupçonnaient fortement que l’enfant a été ‘vendu’ pour la somme de Rs 5 000. Un ‘Emergency Protection Order’ a même été émis par la cour de district de Port-Louis (sud) pour que l’enfant soit placé sous la garde de la CDU.

Cette affaire a été référée au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), qui avisera la police de la marche à suivre.