A-t-on fait signer un faux rapport à Girish Guddoy ?

Le nom de Girish Guddoy, ancien ‘Chief Technical Officer’ de MT, a été sous les feux des projecteurs la semaine écoulée. Sa démission, mardi, peu après la PNQ du leader de l’Opposition est venu confirmer qu’il y avait bien anguille sous roche dans l’affaire Sniffgate. L’ex-CTO avait été appelé à accompagner les trois techniciens indiens à la ‘landing station’ de Baie-Jacotet le 15 avril 2022, pour un droit de regard sur l’intervention qui allait être pratiquée sur le câble SAFE. Il avait aussi été présent durant la réunion du 14 avril entre Sherry Singh et les trois techniciens indiens, où le leader de cette équipe, surnommé M. Moustache par Sherry Singh, avait expliqué le but du survey : obtenir des informations sur le câble SAFE pour connaître le type de traffic internet.

Ce mardi 19 juillet à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, après avoir refusé la demande de l’Opposition pour un ‘select committee’ sur toute cette affaire, était venu confirmer les dires de Sherry Singh à l’effet que le ‘Chief Technical Officer’ (CTO), avait effectivement accompagné les techniciens indiens, en compagnie de certains cadres de MT, dont le manager de cet organisme, à Baie-Jacotet. Mais contrairement au rapport du 2 juillet 2022 cité par le Premier ministre au Parlement, où le CTO avait prétendument écrit qu’aucun ‘sniffing device’ n’avait été installé sur le câble SAFE le 15 avril 2022, la vérité semble être tout autre, selon le rapport rédigé par l’ex-CTO et remis à l’Acting CEO de MT, Michel Legland le 12 juillet 2022. Rapport qui a été révélé par TéléPlus, vendredi soir.

La question qui se pose dès lors : le PMO a-t-il exercé une certaine pression sur Girish Guddoy pour qu’il signe un faux rapport, comme l’a fait ressortir Xavier Duval après la démission de ce dernier ? Dans sa lettre de démission le 19 juillet 2022, il soutient que « to leave a company I have served for more than twenty years was not an easy decision to make. However, I am making a choice today to stand by my values and do the right thing. The right thing for me, for my conscience and for the country. I could not carry on like this ».

Le leader de l’Opposition devait voir là la confirmation « d’un énorme scandale ». Le lendemain, mercredi 20 juillet, les députés de l’Opposition ont même tenu une manifestation devant le Parlement et devant le bureau du Premier ministre, malgré des tentatives d’intimidation de la police. Une fois de plus, ils ont scandé qu’il y avait eu « haute trahison » de la part du Premier ministre et réclamé sa démission avant que le rapport de Girish Guddoy ne soit rendu public.

Le même jour, le gouvernement a demandé à quatre de ses représentants au sein du conseil d’administration de MT de démissionner. Outre le chairman Nayen Koomar Ballah, qui est aussi le Secrétaire au Cabinet et dont le nom est cité dans l’affaire Sniffgate, les trois autres démissionnaires sont Dhiren Dabee, Dev Manraj et Kooseeram Conhye. La démission de N.K. Ballah, du ‘Solicitor General’ Dhiren Dabee et du Secrétaire financier Dev Manraj était d’ailleurs exigée par l’actionnaire minoritaire Rajen Valayden dans nos colonnes la semaine dernière.

Le conseil d’administration de Mauritius Telecom a ensuite été reconstitué avec Maxime Sauzier comme le nouveau chairman. Les quatre autres directeurs du ‘board’ sont : Anandsing Acharuz (Deputy Financial Secretary), Kritananda Naghee Reddy (Assistant Parliamentary Counsel), Mario Alain Chung Chin Ah-Sue et Neermal Saddul. Une reconstitution qui survient le lendemain même de la nomination de Kapil Reesaul comme le nouveau CEO de Mauritius Telecom.

Interrogatoire de Sherry Singh

Les enquêteurs n’ont plus de questions à ce stade

De son côté, Sherry Singh a été interrogé pour la 4e fois consécutive aux Casernes centrales, cette semaine. Selon son homme de loi, Me Gavin Glover, les policiers n’auraient plus de questions à lui poser, sauf s’il y a des développements ultérieurs. La CCID a déjà formulé une demande auprès de MT pour avoir accès aux images CCTV de la ‘landing station’ de Baie-Jacotet et du procès-verbal des réunions au Telecom Tower pour le mois d’avril. Or, les images ont déjà été rendues publiques. Tout porte à croire que ce sera Girish Guddoy que les enquêteurs interrogeront prochainement.

Nawaz Noorbux bientôt entendu par la police

Les données confidentielles révélées par TéléPlus vendredi intriguent la police. Comment ces informations ont-elles fuité alors qu’elles concerneraient la sécurité d’état, vu que la landing station est une ‘restricted area’ ? Selon nos informations, le directeur de l’information de Radio Plus, Nawaz Noorbux, sera prochainement appelé à fournir des explications sur la provenance de ces documents et sera appelé à dévoiler ses sources. Chose qu’il ne fera certainement pas, apprenons-nous. En ce qui concerne Sherry Singh, il ne sera probablement pas inquiété concernant les révélations faites durant cette émission, car il n’a été que confronté aux informations de Nawaz Noorbux.

La cible des ministres

Notre confrère Nawaz Noorbux a été la cible principale des ministres Balgobin et Hurreeram lors de leur conférence de presse, hier. Les deux membres du gouvernement l’ont accusé d’avoir ourdi un complot contre le gouvernement avec le soutien de Sherry Singh et de Bruneau Laurette.

Le journaliste Axcel Chenney de l’Express a également été ciblé par le duo Balgobin-Hurreeram. Ces deux médias, ont-ils dit, ne veulent que créer la sensation pour obtenir le plus grand nombre de views. Comme d’habitude, les deux porte-parole du gouvernement n’ont rien trouvé de mieux que d’attaquer la presse qui ne vise qu’à révéler la vérité dans l’intérêt public.

Réagissant sur sa page Facebook, Nawaz Noorbux a lancé une invitation à Bobby Hurreeram : « Mr Bobby Hurreeram, come on Radio Plus on Monday at 5 p.m and answer my questions LIVE. Are you ready? ». L’aboyeur du gouvernement acceptera-t-il ce défi?

Bobby Hurreeram

« Nou pas pou démissionner akoz ene simple boute papier »

L’hypocrisie à son apogée. C’est ce qu’a fait preuve le ministre Bobby Hurreeram qui a martelé, hier, que « nou pas pou démissionné akoz ene simple boute papier ». Or, c’est justement sur un « simple boute papier » qu’Ivan Collendavelloo avait été révoqué comme Deputy Prime Minister et ministre le 25 juin 2020 dans le sillage du St-Louis Gate.