Après la sortie du ministre Hurreeram contre Huawei Arvin Boolell : « Une bourde diplomatique monumentale »

Arvin Boolell, chef de file du Parti travailliste (PTr) au Parlement et ancien ministre des Affaires étrangères, qualifie la sortie du ministre Bobby Hurreeram, qui avait voulu impliquer le géant chinois Huawei dans l’affaire de sniffing, de « bourde diplomatique monumentale ». Il fait ainsi référence à la réplique de Zhu Liying, l’ambassadeur de la République populaire de Chine en poste à Maurice, qui avait demandé de ne pas impliquer la Chine dans un problème interne à Maurice.

Arvin Boolell fait ressortir que le contexte est difficile. « On a pu voir la réaction de la Chine après la visite de la présidente de la Chambre des représentants américain, Nancy Pelosi, à Taiwan. Dans ces circonstances, la déclaration du ministre est une gaffe énorme qui aurait pu avoir des conséquences graves », s’inquiète-t-il. « En tout cas, cela a jeté un froid sur nos relations avec la Chine, qui n’a pas pris cela avec le sourire ». Il souligne que Maurice doit observer une position neutre, comme pays non aligné.

Arvin Boolell soutient aussi que c’est le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui est le plus grand responsable de cette affaire, car tout porte à croire que ce serait lui qui tire les ficelles dans l’ombre. Il a aussi félicité Alan Ganoo qui, comme ministre des Affaires étrangères, s’est implicitement dissocié des remarques de Bobby Hurreeram.

Pour rappel, le ministre des Infrastructures publiques, Bobby Hurreeram avait affirmé sur les ondes de Top FM le 29 juillet dernier que c’était pour contrer une menace sécuritaire potentielle de Huawei que le fameux ‘survey’ avait eu lieu le 15 avril dernier à Baie-du-Jacotet. Il avait même accusé Sherry Singh « d’avoir livré notre pays, pieds et poings liés, à Huawei ».

Toutefois, Zhu Liying, l’ambassadeur de la République populaire de Chine à Maurice, avait d’emblée fait ressortir sur les ondes de Radio-Plus le 3 août que les accusations contre Huawei avaient « blessé » la Chine. L’ambassadeur a ainsi remis en cause les attaques contre Huawei, une ligne de défense prônée par le gouvernement mauricien dans le sillage de l’affaire de sniffing. Il devait dénoncer le fait qu’un pays puisse s’en prendre à Huawei ou à la Chine quand il n’arrive pas à régler un problème intérieur.

Il conviendrait aussi de noter que plusieurs titres de presse, dont Sunday Times, avaient pris à contrepied le ministre Hurreeram, en faisant ressortir qu’aucun équipement de Huawei ne se trouvait à Baie-du-Jacotet. En outre, le Premier ministre lui-même, Pravind Jugnauth, avait eu plusieurs rencontres avec des dirigeants de Huawei dans le cadre d’une politique de numérisation. La dernière rencontre entre le PM et un cadre de Huawei avait eu lieu le 6 avril, soit quelques jours avant le ‘survey’ du 15 avril à Baie-de-Jacotet. Qui plus est, l’actuel gouvernement avait donné son accord pour que le projet Safe City, avec ses 4 000 smart caméras, au coût de Rs 19 milliards, soit confié à Mauritius Telecom, avec Huawei comme partenaire.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Alan Ganoo, lors d’une cérémonie le 4 août pour marquer les 50 ans des relations bilatérales entre Maurice et la Chine, semblait vouloir rassurer la Chine. Il devait dire qu’une enquête a été initiée et qu’il serait « inélégant » pour lui de commenter cette affaire. Une manière somme toute subtile de se dissocier des remarques de son collègue, le ministre Hurreeram ?