Cherté de la vie : Tempête sur les portemonnaies des consommateurs

Déjà, avec la hausse généralisée des prix des produits de consommation courante, les Mauriciens avaient du mal à joindre les deux bouts. Et les récentes hausses du prix du gaz ménager et des carburants ont été des nouveaux coups de massue pour bon nombre de familles, qui suffoquent au quotidien entre les courses, les factures à payer, les prêts à rembourser et les frais pour le van scolaire des enfants, entre autres. Nous nous sommes tournés vers deux familles de la classe moyenne qui nous décrivent le tourment que connaissent bon nombre de nos concitoyens.

Stéphanie Sagum est conseillère clientèle chez la compagnie Blueconnect. Elle est mariée et est la mère de trois enfants. Elle nous confie que les dernières augmentations ont créé une certaine déconvenue chez elle. Elle-même et son mari travaillent dur pour le bien-être de leurs enfants et de toute la famille, mais n’arrivent pas à joindre les deux bouts avec la cherté de la vie. Elle dispose d’un budget mensuel de Rs 19 000 mais les dépenses courantes dépassent sa paye. On aurait pu penser qu’une somme de Rs 19 000 est adéquate mais avec la cherté de la vie, même cette somme est loin de suffire pour une famille de cinq personnes.

Ainsi, en ce qui concerne les denrées de base, elle doit dépenser environ Rs 8 000 par mois alors qu’auparavant, elle y allouait un budget de Rs 5 000. Cela s’explique par le fait que les prix des denrées alimentaires de base tels que le lait, les céréales, le riz, l’huile et le sucre ont grimpé, et cela de façon exorbitante. Sa facture de téléphone arrive à environ Rs 1 200 par mois, tandis que les factures d’électricité et de la CWA arrivent à Rs 2 000 par mois. En plus, elle doit trouver de l’argent de poche pour ses enfants.

« À peine arrivé à la fin du mois, l’argent est déjà fini », lance-t-elle. « Je ne peux pas me permettre de travailler pour deux employeurs car je dois m’occuper de mes enfants », explique Stéphanie. « Mo nepli koner ki pou fer. La vie pe vine trop cher », dit-elle. « Équilibrer son budget et faire les courses à la fin de chaque mois nous donne déjà mal à la tête. » Elle s’inquiète aussi pour l’avenir car il est fort probable que le tarif du ticket d’autobus connaitra aussi une hausse avec la hausse des prix de l’essence et du diesel.

Mishra Sookah dit également avoir des difficultés pour joindre les deux bouts. Mariée et mère de deux enfants, dont un bébé d’un an, cette habitante de Souillac travaille comme caissière dans un supermarché à proximité de sa maison et elle perçoit le salaire minimum, soit Rs 11 000, à la fin de chaque mois. Elle dit que son couple est dans la tourmente avec la hausse des prix des denrées alimentaires et d’autres produits. Elle et son mari ne savent plus quoi faire. « Nos revenus ne sont plus suffisants pour subvenir à nos besoins », dit-elle.

Les factures d’électricité, de la CWA et de Mauritius Telecom pèsent aussi lourd dans le budget du couple. En ce qui concerne les achats des produits alimentaires, Mishra nous explique qu’auparavant, elle pouvait faire ses courses avec Rs 7 000 mais de nos jours, elle doit trouver environ Rs 11 000 pour pouvoir acheter les produits de base. « Les prix des produits frigorifiés ont monté en flèche. Nous ne pouvons même plus nous permettre de consommer du mouton. Par ailleurs, les prix des légumes aussi ont connu une hausse drastique ces derniers temps. Auparavant, on déboursait une somme de Rs 500 pour l’achat des légumes mais aujourd’hui, il faut faire provision d’une somme d’environ Rs 1 500 pour pouvoir acheter les légumes », dit-elle.

Vu qu’elle a un bébé d’un an, elle doit trouver environ Rs 4 000 pour acheter les couches et le lait pour bébé. Ce qui la contraint à faire plusieurs compromis. Elle nous explique que vu que les dépenses dépassent les revenus, le couple ne peut se permettre de faire des économies à l’heure actuelle. Ils ne font que vivre sur ce qu’ils ont.  « Ce n’est pas facile pour nous de faire face à la cherté de la vie, et avec les prix qui augmentent tous les jours. Pendant combien de temps, la population subira cette situation ? C’est vraiment pénible de vivre de cette manière », clame cette mère.

Hors-texte

‘Motion of disallowance’ par le PTR

La situation devient de plus en plus inquiétante, devait indiquer le Parti travailliste (PTr) face à la presse après la séance parlementaire de ce mardi 19 avril 2022.

Le parti compte déposer une « motion of disallowance » contre le gouvernement en ce qui concerne la hausse du prix du gaz ménager. Ils qualifient cette augmentation « d’acte criminel » de la part du gouvernement.

Hors-texte

Hausse des prix

Radhakrishna Sadien plaide pour la mise sur pied d’un comité tripartite

La ‘State and Other Employees Federation’, par le biais de son président, Radhakrishna Sadien, réclame qu’un comité tripartite soit mis sur pied immédiatement pour considérer le paiement d’une compensation salariale dans le but de venir en aide à ceux dans le besoin. Il réclame en parallèle une révision du salaire minimum. Cette compensation salariale, dit-il, est nécessaire pour soulager les salariés face à la hausse des prix des produits alimentaires, du gaz ménager et des produits pétroliers.

Abordant les récentes manifestions qui ont eu lieu récemment face à la cherté de la vie,  Radhakrishna Sadien maintient que si une personne n’est pas d’accord avec l’augmentation des prix, il a le droit de manifester, aussi longtemps que la manifestation est pacifique. « Il faut laisser les gens s’exprimer librement car c’est leur droit fondamental », a-t-il fait ressortir. « Il est inacceptable d’empêcher les gens de manifester dans une démocratie. »

Par ailleurs, il lance un appel au gouvernement pour que le ‘Public Gathering Act’ (PGA) soit amendé au plus vite. « Le pays a évolué et il est grand temps d’amender cette loi », a-t-il souligné.