Extension de l’année scolaire jusqu’à novembre 2022 : Une décision irréfléchie dénoncée

L’année scolaire 2021/2022 a été étendu jusqu’au mois de novembre 2022, selon la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, qui était face à la presse ce 31 janvier. Or, certains parents et enseignants dénoncent une fois de plus une décision qui a été prise sans aucune consultation.

Des parents estiment que c’est une année de perdue pour l’élève, qui normalement aurait dû monter dans un grade supérieur. Plusieurs parents se demandent aussi si les élèves qui ont dépassé la limite d’âge pourront continuer avec leurs études secondaires. Mais selon ce qu’a annoncé la ministre dans les colonnes d’un de nos confrères, il se pourrait que certains élèves soient autorisés à rester au collège jusqu’à l’âge de 22 ans. Reste à savoir si cette mesure sera effectivement implémentée…

Dharam Gokhool, ancien ministre de l’Éducation, estime qu’il n’y a pas eu de réflexion approfondie de la part du ministère de l’Éducation. « Encore une fois, au niveau du ministère, ils ne font que réagir », lâche-t-il. Selon lui, il n’y a pas vraiment eu de concertations avec les ‘stakeholders’ et il n’y a pas vraiment eu une analyse de la situation comme il le fallait. « Il se peut que ces décisions soient en train de satisfaire certaines mesures préconisées par certains stakeholders, mais cela crée aussi d’autres problèmes », fait-il ressortir.

Ainsi, Dharam Gokhool explique que de nombreux d’élèves se sont déjà préparés pour les examens mais la ministre et son ministère ont choisi la voie de la facilité au lieu de prendre en considération que chaque enfant est différent. Ce dernier estime qu’au sein du ministère de l’Éducation, il n’y a pas vraiment de pilote aux commandes de l’avion. « Il est clair qu’il y a une panne de réflexion au niveau des autorités », lance-t-il.

Selon l’ancien ministre, le ministère de l’Éducation a eu amplement du temps pour se préparer, mais les décisions n’ont pas été vraiment prises dans l’intérêt des enfants. Pour lui, « on viole le critère d’équité en ce qui concerne le secteur d’éducation ».

Les élèves souffrent

D’autre part, le député Mahend Gungapersad est aussi d’accord qu’il a bel et bien eu un manque de planification à plusieurs niveaux de la part du ministère de l’Éducation. Il se dit surpris par les décisions prises par cette dernière. Il revient sur le fait que l’année scolaire a été bouleversée à quatre reprises. « Ce n’est pas possible qu’un ministère fonctionne de cette façon, surtout lorsque l’avenir des enfants est concerné », dénonce-t-il.

Il fustige la ministre de l’Éducation qu’il qualifie « d’obstinée » car elle ne prend pas en considération les doléances de la population. Mahend Gungapersad avance que ce manque de consultation a eu comme résultat que les élèves sont en train de souffrir par des décisions prises sans la moindre consultation.

Pour lui, ce n’est pas le système éducatif, mais plutôt les personnes qui le dirigent qui sont fautives. Selon lui, si les idées proposées viennent de l’Opposition, il y a fort à parier que la ministre de l’Éducation ne les prendra pas en considération. Il n’y a jamais eu de consultations selon lui, et si consultation il y a, c’est uniquement avec des personnes choisies par le Conseil des ministres. Or, ces personnes ne semblent pas connaitre le dossier sur lequel ils travaillent. Selon le député travailliste, il y a tant de personnes valables que la ministre aurait pu consulter avant de prendre une décision.

Décision insensée

Mutha Pillay, un enseignant du Modern College, pense que la décision du ministère n’a pas de sens. « La décision a été prise sans concertation et sans le moindre dialogue », dit-il. Mais est-ce que l’enfant pourra bien continuer ses études secondaires jusqu’à l’âge de 22 ans ? Selon lui, les élèves sont toujours dans l’incertitude en ce qui concerne leur avenir, tandis que de nombreux parents sont anxieux face à cette décision. « De nombreux points d’interrogation subsistent », résume-t-il.

Stéphanie Sagum, mère de deux enfants, nous dit qu’avec le calendrier scolaire qui a été étendu, elle est craintive car elle ne sait pas ce qui se passera, et si les enfants auront le temps de terminer la SC ou la HSC. Nirvi, un élève du grade 9, nous explique pour sa part qu’elle s’est déjà préparée pour les examens d’avril mais hélas, elle devra continuer dans la même classe jusqu’à novembre 2022, ce qui est une chose difficile pour elle. Elle avait déjà pris la décision que si elle ne recevait pas de bons résultats au niveau de la Form V, elle comptait les refaire. Hélas, cela ne pourrait plus être le cas car elle va perdre un an avec la décision de la ministre. Elle dit ne pas être d’accord avec cette décision. « Perdre toute une année aura des conséquences graves sur mon avenir. Je me demande si j’aurai même l’occasion de terminer mes études ? Sinon, que me restera-t-il comme option ? », nous dit-elle.