Grains secs : « Le gouvernement et la STC doivent trouver une solution »

Des importateurs menacent de ne plus importer les grains secs, vu les coûts liés à leur importation, cela alors que des subsides avaient été accordées aux importateurs pas plus tard que la semaine dernière, et l’on s’achemine peut-être vers une pénurie de ces produits. Il serait grand temps que le gouvernement et la STC (State Trading Corporation) prennent le taureau par les cornes et explorent d’autres alternatives en ce qui concerne les grains secs.

Des importateurs menacent de ne plus importer les grains secs, vu la hausse généralisée des coûts liés à leur importation, y compris le coût du fret. Sont concernés, entre autres : le ‘dholl gram’, le ‘dholl petit pois’ et les lentilles noires et rouges. Cela alors que le ministère du Commerce vient récemment de verser des subsides totalisant Rs 150 millions aux importateurs, incluant ceux des grains secs. Mais selon ces derniers, ces subsides se révèlent largement insuffisantes.

Pritam Dabydoyal, le directeur de P&P International, importateur bien connu, nous explique que « le business de l’importation des grains secs est une chose très difficile car il y a plusieurs étapes à suivre pour que le produit final soit reçu dans le pays ». Selon lui, plusieurs coûts sont impliqués dans l’importation des grains secs, ce qui fait qu’ils coûtent en ce moment extrêmement chers à l’importation et peu rentables.

Qui plus est, les subsides que le ministère du Commerce vient de verser aux importateurs (soit Rs 8 la livre de grain) ne suffisent pas, et il est difficile pour ces derniers de réaliser un profit avec la vente des grains secs.  Une autre problématique : les marchandises prennent beaucoup de temps pour entrer au pays. « On peut attendre jusqu’à deux mois, voire trois mois, pour que nous recevons notre marchandise », dit Pritam Dabydoyal.

Pour ce dernier, plusieurs importateurs ne veulent pas prendre de risques dans l’avenir vu les aléas qu’ils rencontrent dans l’importation des grains secs. « C’est pour toutes ces raisons, les importateurs menacent de ne plus en importer dans le pays », résume-t-il. En ce qui concerne l’impact sur les consommateurs, Pritam Dabydoyal est catégorique : « Le gouvernement doit assumer ses responsabilités. Depuis très longtemps, les importateurs avaient mis en garde le ministère du Commerce ».

Selon lui, le gouvernement doit pouvoir trouver une solution en consultation avec la State Trading Corporation (STC). « La STC doit revoir sa stratégie et trouver d’autres solutions pour importer les grains secs à Maurice », propose-t-il.

Nous avons sillonné les demi-gros de la capitale. Selon Akbar, demi-grossiste, il y a d’autres solutions que nous pouvons exploiter mais il faudrait que le gouvernement travaille dessus. « Il faut s’asseoir autour d’une table ronde avec les importateurs pour voir si on peut exploiter d’autres voies. Par exemple, on peut essayer de voir si on peut importer les grains secs d’autres pays », préconise-t-il.

Allons-nous vers une pénurie des grains secs dans les jours à venir ? « Si les importateurs ne vont pas importer de grains secs, ce seront les consommateurs et les revendeurs de nourriture qui vont souffrir le plus », estime-t-il. Toutefois, selon Akbar, il lui semble que les importateurs ont déjà un stock de grains secs existant. « Je réitère que tout problème a une solution. Il faudra que le ministre du Commerce intervienne pour pouvoir palier à tout manquement sur le marché », dit-il.

Les quelques consommateurs que nous avons interrogés nous indiquent qu’une pénurie de grain secs seraient immanquablement un coup dur. Stéphanie, une habitante de Moka, pense que si jamais il y aura une pénurie des grains secs dans le pays, ce sera une « catastrophe » car de nombreuses familles ont l’habitude d’en utiliser pour préparer leurs repas. Elle a elle-même l’habitude d’inclure des grains secs pour les repas familiaux, et ne sait pas comment les remplacer. Elle soutient que le gouvernement doit trouver une solution afin que plusieurs familles mauriciennes n’aient pas à en souffrir.

Pourquoi ne cultive-t-on pas les grains secs à Maurice ?

En 2013, l’Agricultural Research Extension Unit (AREU) était venue avec l’idée de cultiver des grains secs à Maurice. Après des études effectuées par des scientifiques, il avait été démontré que des grains secs tels que le gros pois, le soya, le petit pois et le haricot rouge pouvaient être cultivés chez nous. Hélas, ce projet semble avoir été mis au rencart. Nous avons tenté d’avoir une explication de la part du responsable de l’AREU, mais en vain. D’autre part, il semblerait que les grandes intentions du gouvernement de faire de Maurice un pays autosuffisant sur le plan alimentaire, dans le sillage de la pandémie de covid-19 et même avant, sont restées à l’état de discours.