Justifications fantaisistes

EDITO

Ses explications sur ses connexions avec Alvaro Sobrinho et le Planet Earth Institute (PEI) étaient vivement attendues par la population. Mais celles fournies par la présidente de la République, jeudi, n’ont guère été satisfaisantes, et encore moins convaincantes. On ne sait pas trop si c’est la menace de Navin Ramgoolam de faire des révélations sur elle dans le sillage de l’affaire Sobrinho qui l’a finalement poussée à sortir de son mutisme. Cependant, elle a complètement raté le coche en choisissant de s’adresser uniquement à la MBC. Son monologue nous a étrangement rappelé celui de son ami angolais. Non seulement par la façon dont elle a privé la presse indépendante de participer à cet exercice, mais aussi de par ses explications sélectives et ses demi-vérités. Des éclaircissements, il n’y en a eu point. Cela  ne fait qu’exacerber les critiques à l’encontre d’Ameenah Gurib-Fakim, les non-dits étant souvent plus éloquents que des justifications fantaisistes.

La présidente a d’abord essayé de dorer la pilule en soulignant qu’elle s’est associée avec le PEI dans l’intérêt de la jeunesse mauricienne. Cet institut, a-t-elle précisé, est “bien règlementé” en Angleterre. Soit. Pourquoi alors s’est-elle retirée de toutes ses instances si elle n’avait vraiment rien à se reprocher? Est-elle devenue wise after the event ? Si elle avait pris la peine de se renseigner un peu plus sur le PEI au lieu de foncer tête baissée dans cette aventure périlleuse un mois seulement après son accession à la présidence, elle aurait su que son fondateur est loin d’être aussi respectable et crédible qu’il prétend être. Cela lui aurait permis de réaliser qu’en s’associant avec le multimilliardaire angolais, elle ne ferait que ternir cette image de marque du pays qu’elle dit vouloir préserver afin d’attirer les investisseurs à Maurice. Oui, Son Excellence. Il nous faut des investisseurs. Mais pas n’importe lesquels. Surtout pas ceux de la trempe d’Alvaro Sobrinho. The sooner she understands this, the better it will be for her.

Cela dit, Ameenah Gurib-Fakim a bien tenté de nous faire avaler une couleuvre en nous disant qu’elle n’a fait que référer l’Angolais aux autorités concernées quand celui-ci a manifesté son intérêt d’investir à Maurice. Si son rôle s’est arrêté là, comme elle le dit, pour quelles raisons son bureau a-t-il cru bon d’intervenir auprès du Prime Minister’s Office (PMO) à 31 reprises afin que l’homme d’affaires puisse avoir accès au VIP Lounge de l’aéroport? En dépit de ce qu’elle prétend, il devient de plus en plus évident que la présidence est mouillée jusqu’au cou dans l’octroi des Investment Permits à l’Angolais. La population n’est pas dupe. Elle a vu clair dans son jeu malsain.

Il est tout à fait répréhensible que la présidente ait choisi de jouer sur la corde sentimentale dans une vaine tentative de se racheter aux yeux des Mauriciens. En utilisant le même langage qu’Ivan Collendavelloo eu égard aux attaques personnelles contre les femmes, Ameenah Gurib-Fakim s’est tirée une autre balle dans le pied. Qu’elle sache que ce n’est pas parce qu’elle est une femme qu’elle ne doit pas être critiquée, surtout quand elle a failli dans sa tâche. Elle est payée des fonds publics, donc redevable envers la nation. Le fait d’être une femme n’y change rien. Si elle a fauté, elle doit en payer les conséquences. De par ses actions maladroites, elle a jeté cette institution qu’est la présidence en pâture. Ainsi, elle ne mérite plus sa place à la State House. SHE MUST GO.