La libération de l’activiste Darren met un frein aux tensions

Après une nuit passée en cellule

Arrêté dans la matinée de vendredi dernier à Camp Levieux, Dominique Deeseeal, alias Darren, a été libéré sur parole hier matin après sa comparution devant le magistrat Pauboorally en cour intermédiaire de Port-Louis. Une libération qui a désamorcé la vive tension qui prévalait depuis vendredi soir devant les Casernes centrales et à Camp Levieux jusqu’à fort tard dans la nuit.

Sa nouvelle comparution devant la cour de Rose-Hill est prévue pour demain où il devra payer une caution de Rs 15 000 et une reconnaissance de dette de Rs 25 000. Autre condition attachée à cette libération : Darren doit désactiver sa page sur Facebook et il ne doit plus commenter la situation socio/politique pour ne pas inciter la population à faire des manifestations. Il ne doit pas non plus participer à des rassemblements. Il doit aussi se présenter au poste de police de Grand Baie tous les jours entre 9h et 18 h. L’activiste doit rester à l’entière disposition de la police à n’importe quel moment de la journée. Toutefois, en tant que reporter à temps partiel, il a le droit de pratiquer sa profession sans restriction aucune.

C’était à 10h46 que Darren était arrivé en cour sous escorte policière. Pendant ce temps, une petite foule s’était massée en dehors vis-à-vis de la New Court House. Sa défense était assurée par un panel d’avocats, notamment Me Rama Valayden, Me Sanjeev Teeluckdharry, Me Akil Bissessur et Me Shakeel Mohamed. L’accusé avait été invité par la Cour à faire une déclaration. C’est ainsi qu’il a décrit sa profession comme reporter à temps partiel et il a aussi mis en exergue son passe-temps en tant que travailleur social. Après l’avoir écouté, le magistrat Pauboorally a fait connaître sa décision.

« Faire dominère »

À leur sortie de la Cour, Me Akil Bissessur s’est demandé « ki faire ine bizin arrete li hier ? » alors que son client a voulu faire entendre sa voix contre la décision du gouvernement d’augmenter les prix de carburant, du gaz ménager et d’autres denrées de base. Pour lui, « c’est ene dominere kine faire avec li et ça kalite linjustice bizin arreter avec ça », a-t-il clamé sous des applaudissements.

Pour sa part, Me Shakeel Mohamed a d’emblée soutenu que ce n’est pas la première fois que la police a démontré qu’elle sait ‘’faire dominere’’. ‘’La police fine agir en banne agent de provocation’’, a-t-il vivement dénoncé. Il a déploré le fait que son client a été victime de violence de la part des policiers. ‘’Nous pou prend zot compte en temps et lieu’’, a aussi dit l’avocat. Il a déploré le fait que certaines personnes tentent de communaliser ce combat alors que ce mécontentement est purement national, celui de combattre la cherté de la vie avec l’augmentation des prix de tous les produits. ‘’Na pas tombe dans ca piege kominal la’’, a-t-il lancé. Il a enfin lancé un appel à la police ‘’pou zotte arrete montrer zotte kuma ene zouti en faveur gouvernement’’. ‘’Faites montre de votre indépendance’’ a lancé l’avocat à l’égard des policiers.

Pour sa part, Me Sanjeev Teeluckdharry a dit ‘’bizin pas baisse les bras’’. Pour lui, si Darren est libéré c’est parce que les habitants de Camp Levieux se sont montrés solidaires. Il a souligné qu’il n’a pas été facile de négocier avec la police car elle était intransigeante et elle ne voulait pas bouger d’un iota. ‘’Zotte dire non pas pou libere Daren paski finne gagne l’ordre depi la haut’’, a-t-il souligné.

Enfin Darren l’activiste a adressé l’assistance en remerciant la foule pour leur solidarité et il a souhaité que la police soit plus indépendante dans leur fonction. Il a insisté sur la baisse des prix. ‘’Prix bizin baisser’’, a-t-il lancé sous l’applaudissement de l’assistance. A une question de Sunday Times en aparté avec Darren sur sa marche à suivre si les prix des produits restent inchangés après ces hausses, il a tout bonnement dit : ‘’L’avenir nous dira’’.

ASH