Limitation de vitesse à Port-Louis : Rouler à pas de tortue pas suffisant pour contrer les accidents

La vitesse sera sérieusement limitée dans les villes et les villages à partir de ce 14 février. Toutefois, cette mesure ne suffira pas à réduire le nombre d’accidents sur nos routes si elle n’est pas accompagnée par d’autres mesures, surtout en ce qui concerne la protection de piétons.

La limitation de vitesse passera à 30 km/h dans les rues des centres des villes et des villages à partir de ce lundi 14 février 2022. Elle sera de 40 km/h dans les rues périphériques. Objectif : réduire les accidents de la route et pour une meilleure sécurité pour les piétons. En premier lieu, cette campagne sera d’abord introduite à Port-Louis, sur une base pilote, où une limitation de vitesse de 30 km/h sera appliquée sur les routes principales et de 40 km/h sur les routes secondaires.

Sunil Jeewoonarain, le président de la Bus Owners Association, accueille cette décision qui va, selon lui, aider à réduire le nombre d’accident dans le pays. Mais il faudrait aussi, selon lui, éduquer les piétons pour qu’ils soient plus prudents sur nos routes. Cette éducation, soutient-il, devra être faite dans les écoles pour éduquer les enfants afin qu’ils soient plus vigilants sur les routes. Alain Jeannot, membre du ‘National Road Safety Council’, dénonce le fait qu’il n’y pas vraiment de politique nationale en ce qui concerne la protection des piétons. Il fait ainsi ressortir qu’il n’y a pas assez d’infrastructures pour les piétons à Maurice. Par exemple, il y a un manque de trottoirs dans les rues et ainsi les piétons doivent marcher dans les rues ensemble avec le flot des véhicules. Il n’y a aucune séparation entre les véhicules et les piétons, et c’est une raison principale pourquoi nous avons autant d’accidents sur la route.

Tout comme Sunil Jeewoonarain, il affirme que nous devrons mettre plus d’accent sur l’éducation des piétons à Maurice. Quelque part, il y a un manquement à ce niveau parmi les Mauriciens. « Le gouvernement doit introduire l’éducation des piétons dès un jeune âge pour mieux les conscientiser afin qu’ils soient plus vigilants sur nos routes, ce qui permettra d’éviter des graves accidents », dit-il.

Impossible de respecter cette limitation

Nando Bodha, leader du Rassemblement mauricien, et ancien ministre des Infrastructures publiques, explique que le nombre d’accidents sur nos routes ne se résume pas seulement à la limitation de vitesse dans les villes. « Les accidents se produisent partout et pas seulement dans nos villes, mais partout dans le pays », dit-il. Concernant la limitation de vitesse à 30 ou 40 km/h dans les centres urbains et ruraux, Nando Bodha maintient qu’il sera impossible de maintenir une telle vitesse si la zone limitée n’est pas bien règlementée et si on ne fait rien pour faire respecter ces limitations. Par ailleurs, il se demande si on n’est pas en train de limiter la vitesse pour décourager les gens à rouler en voiture et pour les obliger à opter pour les transports en commun.

Ce qu’il faudrait, selon lui, c’est améliorer le transport public intra urbain dans un premier temps. « Il faudrait mettre en place un système efficace, régulier et gratuit, ce qui pourra résoudre beaucoup de problèmes », dit-il. Il fait lui aussi ressortir qu’à ce jour, il n’y a pas vraiment de politique nationale pour les piétons à Maurice. « C’est un sujet qui revient sur le tapis à chaque accident », lâche-t-il. « Il faut rendre la rue aux piétons, avec des passages bien définis, ou ces derniers pourront circuler et traverser en toute sécurité », dit-il.

Il nous explique qu’il avait commencé à initier un projet pour une meilleure protection des piétons lors de son passage au ministère des Infrastructures publiques. Mais à ce jour, il n’a pas la moindre idée de ce qui est advenu de son projet car après sa démission comme ministre, tout a été chamboulé. Il dénonce le fait qu’on n’entend plus rien de la part du National Road Council qu’il avait mis sur pied, ou siégeaient les différents partenaires pour la sécurité routière.Il avait même fait venir à Maurice Jean Todt, un ancien coureur de Formule 1, pour trouver des solutions. « Malheureusement, les recommandations de ce dernier sont bien là, mais on fait semblant de ne rien voir », dénonce-t-il.

« C’est toute une panoplie de mesures qu’il faut pour réduire les accidents sur nos routes et cette démarche demande la collaboration de tous les stakeholders et surtout un changement dans la mentalité de gens, que ce soit les chauffeurs ou même les piétons », affirme-t-il. « La sécurité routière, c’est l’affaire de tout un chacun, pour sauver des vies tous les jours », résume-t-il.