Rationnement de l’huile comestible : Une pénurie artificielle pointe le bout de son nez

Va-t-on vers une pénurie d’huile comestible dans les jours à venir ?C’est la question qui trotte dans la tête de nombreux consommateurs depuis que le ‘rationnement’ de l’huile a été décidé par le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, ce vendredi 18 mars 2022. Selon la décision du ministre, un quota de deux litres d’huile au maximum par personne a été imposé dans les points de ventes à travers l’île. Le ministère du Commerce essaie pourtant, dans un communiqué, de rassurer la population à l’effet qu’il n’y a pas de pénurie. Mais malgré ses assurances, il y aurait déjà le ‘panic-buying’ dans les supermarchés à travers l’île.

Avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine, c’est toute la planète qui subira des hausses de prix et des pénuries de certains produits, y compris l’huile comestible, qui est largement importé de l’Ukraine. À noter qu’outre l’huile, certains grains secs sont aussi importés de ce pays que l’on décrit comme le ‘breadbasket’ du monde.

La semaine dernière, nous avions fait le point avec des importateurs de produits alimentaires, qui nous avaient indiqué que Maurice fera face à une pénurie de certains produits dans les jours à venir. Prédiction néfaste qui commence apparemment à se réaliser car déjà nous pouvons voir un effet de cette pénurie sur les étagères des supermarchés. Ces commerçants nous avaient dit qu’ils avaient déjà tiré la sonnette d’alarme en ce qui concerne ce problème de pénurie dans le sillage de la pandémie de covid-19, bien avant que n’éclate la guerre en Ukraine et avaient même accusé le gouvernement de faire la sourde oreille.

Pénurie = hausse de prix

Des commerçants ne mènent pas large, alors que leurs commerces utilisent beaucoup d’huile dans la préparation de repas sur commande. Shameenah Dusmohamud nous avoue que son commerce utilise plus d’une bouteille d’huile par jour car elle prépare des gâteaux salés et d’autres fritures qu’elle vend ensuite. Elle confie son désarroi car il lui sera difficile de travailler avec une pénurie d’huile sur le marché. « Ce sera vraiment difficile. Seulement deux bouteilles d’huile par famille, ce ne sera pas évident », dit-elle. La commerçante nous explique qu’en ce moment, elle obtient plusieurs commandes et elle ne sait pas comment faire avec cette décision du ministère.

La gérante avance que si cette éventualité persiste, elle n’aura pas d’autre choix que de revoir à la hausse les prix des certains aliments. Elle espère bien que le gouvernement finira par trouver une solution face à ce problème qui règne en ce moment dans les supermarchés et hypermarchés à travers l’ile.

Des pénuries artificielles à craindre

Qu’en est-il des ménagères ? Rooksar, une habitante de Port-Louis, nous indique que c’est l’angoisse de ne pas pouvoir faire le plein d’huile qui prévaut chez les ménagères et les consommateurs à travers l’île. « S’il y a une pénurie d’huile comestible, le gouvernement doit informer la population », lâche-t-elle.

Alors qu’elle s’est rendue dans un supermarché près de chez elle, il n’y avait pas une seule bouteille d’huile sur les étagères. Elle a questionné le responsable qui lui a indiqué que le supermarché est actuellement en rupture de stock en ce qui concerne les bouteilles et les sachets d’huile. Mais ayant pu jeter un coup d’œil subreptice dans le store du supermarché, Rooksar aurait vu des bouteilles d’huile, ce qui prend à contrepied le responsable, qui maintient qu’il n’y en a plus. Ce que les consommateurs doivent aussi craindre dans les jours à venir : des pénuries artificielles d’huile comestible crées par des commerçants peu scrupuleux. Que compte faire le gouvernement pour contrôler la situation ?